Ermine et Lisois
Lisois croyait avoir réalisé son rêve : épouser la tendre Ermine.
Malheureusement, les limites des Terres de sa Maîtresse n'étaient nullement assurées.
De nombreuses canailles avaient installé ça et là de petits campements, rendant la campagne luxuriante dangereuse pour tout promeneur non accompagné d'hommes en armes.
Malgré son désir de demeurer auprès de sa Mie, Lisois ne pouvait s 'empêcher de laisser son regard dériver vers le bureau de recrutement. Il voulait, à sa façon, remercier la Châtelaine qui l'avait accueilli sur sa propriété sans lui poser ni question, ni condition.
La nuit venue, sa décision était prise : il allait informer sa bien-aimée de son intention.
Lisois se retrouvât donc aux premières lueurs de l'aube à patienter dans une file de jeunes hommes désireux de se joindre à la milice locale. Il y touchât un maigre paquetage.
Dès qu'il y eût suffisamment de volontaires, leur petite troupe se mit en marche vers …
Bonne question, vers quoi ?
Pour trouver la réponse, plusieurs jours de marche furent nécessaire.
Chaque soir, alors que le soleil plongeait vers l'horizon, la petite troupe cherchait de quoi faire un feu. Un brasier le plus grand possible qui leur permettait de cacher leur peur du noir, revenue en chacun à la faveur des innombrables questions qu'ils se posaient.
Au matin, le réveil permettait de chasser cette honte qui se logeait en eux, cette peur qui formait comme une boule au creux des ventres.
Chaque réveil les rapprochait de leur but, de leur mort, de cette montagne chaque jour plus imposante, plus inquiétante.
Ils voyaient tous le campement, accroché au flancs du piton se dressant devant eux.
Plus ils approchaient, plus ils doutaient qu'un seul d'entre eux puisse gravir les versants qui leur obscurcissaient l'horizon.
Ils atteignirent les contreforts au petit matin.
Lisois prit la tête de son groupe et continuât à progresser alors que l'herbe rase laissait le pas à la roche nue, façonnée par la pluie et le vent. Il trouvât l’amorce d'un sentier que les éléments semblaient avoir taillé dans le rock et qui courait à flanc de montagne.
Les pierres roulaient sous leurs pieds, les entraînant parfois au plus près d'à-pics vertigineux.
Lisois relâchât son attention une fraction de seconde, juste le temps pour lui de marcher sur un tapis de pierres qui se mirent à couler comme de l'eau sous ses semelles. Des mains se tendirent vers lui, ses compagnons le rattrapant in extrémis. Le souffle court et les jambes flageolantes, il se retrouvât de nouveau sur le sentier. L’ascension repris, chacun n'ayant plus qu'une seule idée en tête : arriver au sommet.
Les yeux rivés sur leurs chaussures, la troupe montait, montait, montait … Le froid et la neige firent leur apparition les obligeant à revêtir leur cape. Ils montaient toujours plus haut avec un seul but commun : arriver au campement de ces canailles qui leur imposaient tant de douleurs.
Au détour d'un tournant, Lisois s'arrêtât brusquement, ses compagnons s’empilant derrière lui dans un concert de jurons. Le camp était là !