J'ai bien connu Tante Irma. Une cuisinière de première catégorie. Fin cordon bleu, elle me rappelle Mamie Nova et, je pense sans prétention, que Marcel Proust l'aurai appréciée. Ses fines madeleines, cuites à point charmaient le palais de tout gourmet. Ses paniers en osier tressé contenaient des friandises que nous qualifirions aujourd'hui d'OAC. D'ailleurs, jusqu'à ce jour, aucun Settlers ne s'est plaint. Je me souviens de Tanta Irma. Debout à l'aube pour aller chercher ses oeufs frais. Chaque poule avait un petit surnom : La Blanche, Cornillette, Plumes d'Ange, etc... Ensuite, c'était Marguerite qui passait à la traite, une bonne vache laitière. Il n'y a que sa farine que Tante Irma allait chercher chez le père Labiche, le meunier mi souriant, mi grognon et avouons-le un peu braconnier à ses heures ! Et, je revois avec mes yeux d'enfant émerveillé, Tante Irma pétrir sa pâte, ceuillir ses fruits sauvages, faire ses confitures aux couleurs miroitantes. Ses mains noueuses, pleines de farine, bougeaient sans cesse. Elle activait le feu dans la vieille cheminée car tout était cuit au bois. Aujourd'hui encore, mille odeurs assaillent mon nez, mille saveurs titillent mes papillent. C'était le temps des produits authentiques, réels. Je ramassais marrons et châtaignes, je fourrageais dans les sous-bois à la recherche de champignons, j'allais aux mûres et aux framboises dans les buissons épineux. Un temps de nostalgie. Et, quand elle est partie, Tante Irma, tous les Settlers du village étaient présents, versant une larme sur la tombe fraîche. Aujourd'hui, à l'orée de mes soixante ans, TANTE IRMA me manque. Le vide ne sera jamais comblé, mais, dans mon esprit, je fais revivre ses paniers et toute cette nourriture enrichissante qui mettaient du baume au coeur et de la joie dans le travail bien fait.