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Discussion: La quête de la Sainte Savate !

  1. #1
    Irréductible Avatar de Ballin
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    La quête de la Sainte Savate !

    N.B. : Ceci est une histoire additionnelle au scénario principal. La quête est ouverte à la participation de quiconque veut y jouer. Toutes les actions, bonnes ou méchantes, sont permises dans la mesure que cela reste cohérent avec votre personnage et l'histoire en elle même (vous pouvez aider ce bon Ballin, l'encourager, l'envoyer sur de fausses pistes, participer à un épisode, etc ...). N'hésitez pas à venir m'en parler, ainsi qu'à votre sorcière préférée, si vous hésitez sur la marche à suivre.

    (Note aux lecteurs : Cette histoire démarre lorsque Ballin, inquiet de voir le royaume glisser vers l'ombre (pensez vous, des traitrises, empoisonnements et badinages cela n'est guère pieux comme attitude) décide de trouver un moyen de sauver ces âmes en perdition ... Cherchant conseil auprès de Dieu, il veille dans la petite chapelle jouxtant son logis et guette un signe divin qui tarde pourtant à venir ...)

    Episode I : La révélation


    Sortant de la petite chapelle, sire Ballin était d'humeur sombre. Cette nuit passée en prière ne fut certes pas vaine (comment le pourrait elle ?) mais ne lui avait point apporté la réponse escomptée ...

    "Mon Dieu donne moi un signe ! Comment ramener la foi et la piété en ce royaume naissant, avant qu'il ne sombre dans le péché définitivement ?"

    Et c'est ainsi qu'il tomba (le terme est bien choisi) sur un mendiant qui se tenait ainsi sur le perron de la chapelle. Se relevant, il considéra l'individu. Le pauvre hère avait perdu une jambe (les temps de troubles et de violences militaires n'y étaient peut être pas étrangers) et présentait un bien triste aspect.

    Sortant une pièce d'or de sa bourse, Ballin la lui tendit.


    "Grâces vous soient rendues mon bon seigneur" lui répondit le mendiant dans un sourire édenté " que la bénédiction de saint Claudiquos soit sur vous !"

    Ballin, ne lui répondit pas, il venait d'avoir une révélation ! Saint Claudiquos ! Le saint patron et protecteur des unijambistes ! Voilà un moyen de ramener la foi dans ces terres ... Saint Claudiquos avait vécu il y a près de 300 ans et la légende dit qu'il mourru en ermite sur les terres d'Ambre. S'il était possible de trouver sa tombe ou une de ses saintes reliques qu'il aurait laissées derrière lui, il pourrait de ce fait ramener toutes ses âmes en perdition vers le droit chemin par la seule présence de divins instruments !

    Animé d'un nouveau feu, il se précipita le cœur battant vers le presbytère dont il martela la porte de ses poings. Le visage du prêtre qui lui ouvrit, reflétait très bien la lassitude qu'il ressentait à la vue de ce cher Ballin.

    "Et c'est reparti pour une interminable discussion sur le manque de piété de mes paroissiens et la décadence des mœurs du royaume" se dit le prêtre en latin et en lui même ...

    "Mon père," commença Ballin " j'ai eu une révélation !"

    Haussant un sourcil d’inquiétude, le prêtre le fit rentrer et s'assoir.

    "Dites moi tout mon fils" se contenta t'il de dire dans un soupir.

    "Que savez vous de Saint Claudiquos ?" lui demanda Ballin

    "Ma foi, ce que tout le monde en sait. Il vécu en ces temps troublés que furent ceux de la guerre des sept Royaumes ... Il perdit sa jambe au cours de la Bataille du Poissard, et la défaite écrasante du roitelet de Hosburg ... Il fut touché par la Grâce et parcouru les terres en aidant les rescapés de la guerre en leur prodiguant moults conseils et fut le dépositaire de la Sainte Savate ..."

    Ballin le coupa aussitôt :
    "La Sainte Savate dites vous ?

    - Oui, mon fils. On dit qu'elle fut taillée dans le bois de l'établit qui servi a fabriquer le lit dans lequel dormait celui fabriqua le marteau qui assembla les morceaux de la Sainte Croix et qu'elle est de ce fait, inusable. Pourquoi ce soudain intérêt pour cette histoire ?"

    Mais Ballin ne lui répondit pas, tout occupé qu'il était dans sa tête à imaginer les foules en adoration devant la Sainte Relique qu'il aurait déposée dans une chasse de la grande Basilique des terres d'Ambre ...

    "Je vous souhaite une bonne journée mon père, j'ai pour ma part fort à faire !" Il sorti précipitamment et enfourcha son cheval, direction les archives du royaume ...
    Dernière modification par Ballin ; 09/12/2011 à 03h47. Motif: Précision sur les modalités de participation

  2. #2
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    Episode II : Les archives royales

    Revenant du château de dame Killeuse, Ballin arrêta son destrier devant les écuries royales. Tendant la bride à un palefrenier qui trainait là entre une fourche et une botte de foin, Ballin lui dit :

    "Tenez mon brave et prenez en grand soin ! Lui et moi avons fort à faire dans les temps à venir ..."
    Reluquant la mise de Ballin, le ladre lui répondit tout de go :
    "Faites vous donc partie de la suite royale messire ?
    - Nullement mon ami. Pourquoi diantre, me posez vous cette question ?
    - Eh bien, répondit le palefrenier dans un sourire narquois, il se trouve que comme leur nom semble pourtant l'indiquer, ces écuries sont destinées aux besoins de sa Majesté et de sa suite ...."

    Quelque peu décontenancé par ce revirement, Ballin n'en tourna pas moins les talons. Avisant un anneau scellé dans un mur proche, il se dirigea donc dans sa direction. A peine s'est il arrêté devant cette excroissance métallique qu'un garde, semblant surgir du néant, se précipite à sa rencontre.

    "Pardonnez moi messire, mais vous ne pouvez laisser votre monture ici ! Les abords du château sont en effet réservés à l'usage des seigneurs en visite ..." Le ton autoritaire ne souffrait guère de réponse vraisemblablement.

    Cette fois Ballin ne broncha pas et encaissa la remarque acerbe du garde sans coup férir. Détachant les rênes de l'anneau, il remonta sur son cheval non sans avoir demandé au garde où, selon les règlements en vigueur en ces lieux, pouvait il installer sa monture.

    Ainsi nanti de cette information, le voici donc guidant son destrier à travers les ruelles encombrées d'étals et de chars à bœuf du district commerçant. Le parfum capiteux des épices tout droit venus des lointaines contrées aurait du lui ravir les narines s'il n'y avait cette forte odeur de bouses fraîches répandues sur la chaussée par les éléments tracteurs des dit chars.

    Réprimant une moue dégoutée, il fini par trouver les écuries du marché. S'attendant à essuyer un nouveau refus, sous couvert d'obscurs articles du règlement municipal, Ballin dit sans conviction :
    "Est il possible de laisser son cheval à vos bons soins, maitre palefrenier ?
    - Et à quoi donc servirai-je en ces lieux si ce n'était point pour recevoir les montures que l'on veut me confier, mon bon ami ?" Le ton moqueur n'était nullement tempéré par la moindre forme de respect.

    Gardant son calme, ce qui le surpris fortement par ailleurs, il lui rétorqua :
    "Mais pour prévenir l'apparition des nuées de vermines volantes inhérentes à la présence des coursiers à quatre pattes, voyons ! Car, selon le code d'hygiène de l'arrêté municipal n°255 ... "

    Devant le peu de réceptivité offerte à son trait d'esprit, Ballin coupa court à la diatribe qu'il s’apprêtait à lui administrer. Il lui balança dans un geste hautain la bride de son cheval après avoir prestement sauté au sol. Il lui fallait maintenant rejoindre les archives royales à l'autre bout de la ville, ce qu'il fit non sans avoir mis le pied dans une déjection de bovin, évité un char dont le conducteur était tellement ivre qu'il était fort heureux qu'il conduisit assis et copieusement (pour ne pas dire vertement) sermonné une fille de joie lui proposant ses services.

    Ce périple accompli, le voici donc devant les portes des archives. S'essuyant frénétiquement sa semelle maculée sur un parterre de pelouse, qui fort heureusement ornait le côté gauche de l'édifice, il se dirigea vers l'escalier monumental conduisant vers la non moins monumentale porte. Cette dernière étant close, il y chercha donc un marteau ou autre buttoir du même acabit, afin d'annoncer sa présence. Mais point de marteau ou d'autres artifices du même ordre. Levant le poing pour frapper directement à la porte, il fut arrêté dans son geste par l'ouverture inopinée de celle ci !

    Un visage sans age, au nez donnant à cet homme un profil d'aigle, se présenta dans l'ouverture ainsi créée. Au vu de la distance le séparant du sol, il devait par contre être affublé d'une carrure de moineau.

    "C'est pour ? dit sèchement l'apparition
    - Eh bien pour consulter les archives mon brave ...
    - Je vous suis grandement reconnaissant de cette précision, messire ! Pourriez vous cependant m'en donner une plus concise description ?
    - Je suis, voyez vous, lancé dans la plus formidable des quêtes qui, je le sais du fond de mon cœur saura remettre ce royaume sur le droit chemin car il n'est point ....
    - Quelle quête messire ? Le coupa dans un soupir d'agacement le petit homme.
    - Je ... suis à la recherche de la Sainte Savate. Saint Claudiquos en fut le dépositaire et je sais qu'il mourut en ces terres ..." Répondit Ballin dans un souffle, craignant d'être à nouveau interrompu.
    Le petit homme ne pu masquer son étonnement : "Saint ... Claudiquant dites vous ?
    - Claudiquos ! C-l-a-u-d-i-q-u-o-s !" Épela t'il, effaré de constater que cet avorton ne connaissait même pas le nom du saint homme. Se pouvait il qu'un homme aussi peu instruit puisse travailler dans cette honorable institution ?
    "Adressez vous à l’évêché pour toutes questions d'ordre religieux." Ne laissant pas même le temps à Ballin de lui répondre, la porte se ferma dans un claquement ...
    "La peste soit de tous ces scribouillards !" Lança t'il à l'encontre de la porte désormais close.

    Nous épargnerons à nos lecteurs le récit de l'épique trajet de retour , car messire Ballin, étant de forte méchante humeur, ne se priva pas de lancer quelques jurons bien placés (à l'encontre de malotrus certes, mais tout de même) qui ne doivent point entacher les pages de cette glorieuse aventure.

    Parvenu devant l'écurie il s'écria :
    "Hola le drôle ! mon cheval et fissa !"

    Surpris par cette entrée en matière, le palefrenier s'exécuta néanmoins. Gageons que l’œil courroucé et sa main crispée sur la garde de son épée aient donné à cette réplique de Ballin le poids nécessaire à son immédiate mise en application.

    Dépité par la bureaucratie, il enfourcha son cheval et tourna le dos à la cité royale et ses administrateurs incapables et s'en fut sur la route qui devait le conduire vers son logis.


    "Il est à souhaiter que l'on me réserve meilleur accueil demain à l'évêché ..." Marmonna t'il dans sa barbe. Puis avisant son armure ternie par la poussière de la route : "Peut être aurai-je du me soucier de mon apparence afin de ménager ma crédibilité. A éviter donc, pour ma prochaine visite ..."
    Dernière modification par Ballin ; 07/01/2012 à 08h05. Motif: Que de fautes mon pauvre Ballin ...
    Puis il s'en fut, magnifique, sur son cheval caparaçonné dont les reflets de l'armure semblaient nacrés dans la douce lumière de cette fin d’après midi. Éperonnant sa monture, le voilà galopant dans le grondement des sabots sur la route de terre battue et le claquement sonore de sa cape au vent de sa course.
    *Tiens ! Je m’arrêterai bien boire un coup moi*
    Et là, l'image superbe du héros tout en panache se brisa, avec la subtilité du cristal sous le pas d'une trentaine de pachydermes

  3. #3
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    Episode III : Le novice

    (N.D.L.A) : Pour plus de clarté lors de la lecture, les passages concernant le passé tumultueux de Ballin seront dans une couleur différente ...

    Par cette fraiche matinée d'automne, Ballin arriva sur son fidèle destrier devant l'entrée du domaine de l'évêché après une courte chevauchée, son bourg ne se trouvant qu'à quelques lieux de là ... Un garde somnolant se tenait appuyé contre la paroi de sa guérite. Nonobstant les conventions de politesse en usage, il préféra le laisser à son conciliabule entre lui et le sieur Morphée et se dirigea droit sur l'entrée principale. Un prêtre tout de frais tondu, en sortait justement.

    "Bien le bonjour mon père ! Le héla-t'il.
    - Salutations messire. Lui fut il répondu.
    - Je suis venu dans l'espoir de quelques renseignements mon père. A qui puis-je m'adresser ?
    - Cela dépend de la nature des renseignements escomptés mon fils ...
    - Je suis, voyez vous, à la recherche d'informations sur Saint Claudiquos et la Sainte Savate.
    - En ce cas, je ne saurai trop vous recommander de vous entretenir avec notre archiviste dûment patenté, le père Dudeuvu."

    Ce nom produisit l'effet d'une décharge électrique sur Ballin qui se raidit instinctivement sur sa selle. Tout en quittant celle ci pour le plancher des vaches, les souvenirs se mirent soudain à affluer dans sa tête. Mécaniquement, il noua la bride de sa monture à un anneau scellé au mur et se dirigea d'une démarche raide vers le corps principal du bâtiment et sa porte à double battants. Le père Dudeuvu ... Serait ce le même que celui qui des années plus tôt ...

    C'était une journée magnifique. Une de celles dont les troubadours chantent les louanges et les vertus aphrodisiaques quelles engendrent. Seule ombre à ce tableau idyllique, aux couleurs vives et rieuses, le capitaine Ballin et sa triste apparence dénotait de façon presque criarde. Bien piteuse en vérité était son allure. Son plastron bosselé et maculé de sang, sa culotte bouffante en lambeaux et son couvre-chef à demi tailladé rivalisaient de saleté avec sa chemise déchirée aux manches et son épée ébréchée passée à la ceinture sans fourreau ... Le ciel en soit loué, une providentielle poussière le couvrait des pieds à la tête, donnant à notre ami une teinte plus pastel, jurant un peu moins sur le paysage alentour.

    Et c'est ainsi que cette radieuse journée, fut le témoin de la rencontre entre Ballin et le père Dudeuvu. Ce dernier arpentait le chemin attendant je ne sais quelle livraison de ces herbes rares venues de contrées lointaines. Apercevant Ballin, il se précipita vers lui.


    "Bonté divine ! Monsieur ! Mais que vous est il donc arrivé ? s'écria le prêtre arrivant devant Ballin
    - Une bien triste conjoncture d'évènements mon père, je le crains ...
    - Auriez vous besoin d'assistance ? Je suis prêtre certes, mais j'appartiens aux ordres guérisseurs. Êtes vous blessé ?"
    Décontenancé par silence qui suivit son interrogation, le père Dudeuvu n'en revint pourtant pas moins à la charge.
    "Permettez cependant que j'insiste. Notre congrégation est sise à moins d'un jet de pierre d'ici. Vous me feriez grand plaisir en acceptant notre asile !"

    Comme un automate, Ballin opina du chef et se vit aussitôt pris par le bras et entrainé vers un petit groupe de bâtiments, ceint d'une clôture, qui effectivement n'était qu'a quelques enjambées de la route. La petite communauté qui séjournait était un rassemblement hétéroclite de jeunes boutonneux, de vénérables blanchissants et de quelques hommes portant la masse d'armes au côté, tempérée par la tunique des guérisseurs. Celle ci n'était pas inconnue de Ballin qui, en habitué des champs de bataille, avait déjà eu l'occasion plus d'une fois de constater l'étendue de leurs compétences. L'ordre guérisseur est, en effet, la branche soignante de l'armée régulière où Ballin est (était devrait on dire à présent, mais j'anticipe sur la suite de ce récit cela faisant ...) capitaine.

    Le guidant vers un petit bâtiment d'un étage, le père Dudeuvu lui ouvrit la porte et le poussa à l'intérieur. Lui désignant une chaise, que Ballin utilisa de bonne grâce, il se dirigea vers un fourneau, dont il ranima les braises, et prépara une infusion d'herbes relaxantes et légèrement euphorisantes. Mettant le pot et deux tasses sur un plateau, il retourna vers Ballin.

    "Nous sommes ici dans mon bureau et ne seront point dérangés ainsi ..."
    Voyant le peu de réaction que cette remarque sembla susciter chez Ballin, il posa son plateau sur une table proche et commença a servir le breuvage. Puis, en lui tendant une tasse, il poursuivit.
    "Alors mon ami, quels fâcheux évènements vous ont conduits ici ?
    -C'est une bien assommante histoire, mon père." Dit Ballin en buvant une gorgée de sa tasse. "Je ne voudrais pas vous importuner avec cela ...
    - Que nenni ! J'ai voyez vous tout mon temps et n'avais rien de prévu pour ce jour. J'ai donc tout le loisir d'écouter votre récit ..." Bien que son visage démentait cette dernière affirmation.
    Au bout de la deuxième gorgée, l'effet des herbes commençait à poindre. La tasse finie, le capitaine Ballin était beaucoup plus loquace.

    ".... c'est alors qu'elle me demanda de l'escorter en ville. La femme du général, pensez donc mon père, je ne pouvais refuser. Mais cette dévergondée m'entraina dans un quartier où se trouvait un coquet hôtel particulier dont, m'apprit elle, ces parents décédés lui avait fait le legs. Mais une fois à l'intérieur, cette cat ... femme aux mœurs légères, c'est jetée sur moi avec la soudaine brusquerie d'une nuée de sauterelles sur un champs de blé encore vert. J'ai évidemment repoussé ses perfides avances et menacé de révéler ce penchant au général dès le lendemain. Mais elle m'a devancé dans ce projet le soir même et sur un mensonge éhonté, me fit porter la responsabilité de cet incident. Sachant que je préférais la mort au déshonneur et croyant sa femme sur parole, le général me somma d'accomplir une mission suicide avec ma compagnie de lanciers. Et vous me voyez seul survivant de cette boucherie. Je n'ai pas failli et ai rempli ma mission, mais je ne peux retourner ... Même si j'en crève d'envie !!! Lui montrer à ce bovin stupide et sa femme lubrique, que Ballin ne failli point car ... car quoi déjà ?" La tête lui tournait.


    "Vous ne pouvez pas regarder où vous marchez mon fils ?" Dit un copiste irrité occupé à ramasser les parchemins que la collision de celui ci avec Ballin n'avait pas manqués de faire voler dans les quatre coins du couloir.
    "Veuillez pardonner ma rêverie, mon père. Je cherche les archives et le père Dudeuvu et crains m'être égaré.
    - Au fond du couloir la porte à droite ...
    - Grand merci !"

    Il toqua donc à la porte marquée "Archives - Père Dudeuvu" et n'ayant perçu de réponse la franchit. Celle ci donnait sur une série de pièces encombrées d'étagères croulant sous le poids de parchemins, livres, tomes, cartes et autres vélins, ainsi que d'une collection bigarrée d'objets des plus divers.
    Avisant un bureau, il s'enquit de la présence du père Dudeuvu, qui n'était point celui que Ballin connaissait. Il lui apprit, avec un enthousiasme quasiment juvénile, au bout d'heures interminables de descriptions de cartes, dissertations sur ses moyens limités d'investigation et de lectures de passages n'ayant que vaguement trait à l'intérêt présent de notre héros, que non il ne savait pas grand chose ... Une seule information put cependant ressortir de tout ce fatras de connaissances inutiles : la dernière fois que l'on vit saint Claudiquos, ce fut lorsqu'il fit voile vers l'Ile du Brouillard.

    Arrivé peu après que le soleil se fut levé, ce fut donc à la nuit tombante qu'il reprit la route de son logis, les yeux rougis de sommeil et dodelinant de la tête, nanti de sa bien maigre prise ... Il lui faudra donc trouver un navire pour l'Ile du Brouillard, où il pourra enfin se mettre en quête de la Sainte Savate.

    "Cela attendra bien demain. Dit il tout haut, en réprimant un bâillement. Ces damnés érudits vous assommeraient un bœuf rien qu'à coups de paroles ..."
    Dernière modification par Ballin ; 29/11/2011 à 06h27.
    Puis il s'en fut, magnifique, sur son cheval caparaçonné dont les reflets de l'armure semblaient nacrés dans la douce lumière de cette fin d’après midi. Éperonnant sa monture, le voilà galopant dans le grondement des sabots sur la route de terre battue et le claquement sonore de sa cape au vent de sa course.
    *Tiens ! Je m’arrêterai bien boire un coup moi*
    Et là, l'image superbe du héros tout en panache se brisa, avec la subtilité du cristal sous le pas d'une trentaine de pachydermes

  4. #4
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    Episode IV : Ohé ohé ! Capitaines vous m'abandonnez !


    Le soleil était déjà à mi-course lorsque Ballin, sur son fidèle destrier, arriva en vue de la cité portuaire de Noteuhgaime. L'animal telle une mythique bête des contes pour enfants, soufflait bruyamment des panaches de vapeur par les naseaux en cette fraîche journée. Il faut dire que Ballin ne l'avait certes pas ménagé tout au long de la route, pressé qu'il était de mener enfin cette quête à bien ...

    Franchissant les portes après un rapide interrogatoire des gardes postés à l'entrée de la cité, il se dirigea droit sur le port, recherchant la capitainerie. Celle ci l'attendait langoureusement posée sur la rive est de la baie. Il descendit de son cheval et fixa solidement les rênes à un piquet de la clôture entourant le bâtiment. Murmurant une courte prière afin que sa requête ne soit point déboutée, il entama l'ascension de la courte volée de marches menant au perron de la capitainerie. Mais grands furent son étonnement puis son désarroi à la lecture d'un écriteau, suspendu à la poignée de porte mentionnant la fermeture pour inventaires durant tout ce jour. Sachant sa prière non entendue, il leva les yeux au ciel d'un air las puis, après quelques instants d'indécision, frappa tout de même au chambranle de la porte. Ne percevant point de signes venant confirmer une quelconque réaction, il renouvela sa tentative, puis dans un haussement d'épaules, tourna la poignée de la porte. Elle était malheureusement verrouillée.

    Comme s'il s'était attendu à cette réaction de l'élément de bois et de fer, il avait commencé à redescendre les marches d'un air dépité. Lorsque tout à coup, sans crier gare, soudainement, sans que rien le laisse présager et contre toute attente, la porte s'ouvrit. Un homme tout en rondeur, d'age mûr, au crane dégarni et luisant dans la pale lueur de cette journée d'automne, pointa le bout de son nez par l’entrebâillement.


    "C'est fermé ! Lança-t'il d'une voix où l'exaspération semblait elle aussi pointer le bout de son nez.
    - Ah ! Messire ! J'ai bien vu cette mention sur votre pancarte, mais je ne savais à qui adresser ma demande.
    - Eh bien pas ici ! Cria presque la boule qui tenait lieu de tête à son interlocuteur. Ils sont certainement tous en train de brailler je ne sais quelles chansons de marins ivres entre deux pintes à la taverne." Et la porte se referma dans un claquement sonore.

    Ballin entendait au loin en effet des voix goguenardes chantant à tue-tête sous le rythme syncopé de choppes percutant une surface de bois telle une table ou un comptoir de taverne. Guidé par ses seules oreilles (quoiqu'une eut suffit à largement remplir ce rôle), il arriva bientôt devant la porte du Tonneau-Qui-Flotte. Franchissant celle ci, il se retrouva au milieu d'une fumée tellement dense qu'il se croyait déjà arrivé à l'Ile du Brouillard. Ses yeux piqués par les volutes environnantes s'habituèrent rapidement à la lumière qui peinait à franchir le barrage des carreaux encombrés du résultat de la vaporisation des éléments constitutifs du tabac. Une pièce basse de plafond et remplie d'une joyeuse troupe titubante s'offrait à son regard. Le doute vint à ce moment fort propice lui titiller l'esprit. Trouverait il ici un équipage sûr pour son voyage ?

    Il se dirigea vers le comptoir et commanda une pinte de la bière locale. Puis, s'adossant à ce dernier, se mit à rechercher du regard, ceux qui semblaient encore aptes à la navigation. Pourtant posé sur la terre ferme, le plancher devait cependant rouler sous le pas de certains, qui en se déplaçant dans la pièce semblaient tanguer au rythme de vagues inconnues. Craignant de prendre le mal de mer, Ballin détourna le regard de ceux perdus au plus fort de cette tempête de haute mer, pour se concentrer sur les rares restés à terre. Ils n'étaient guère majoritaires en cette assemblée. Seuls trois individus paraissaient encore maitre de la majeure partie de leurs facultés.

    Ballin, se dirigea vers la table où l'un d'entre eux s'était installé. Trapu, les muscles épais et le visage bourru, celui ci était assez similaire à Ballin dans la carrure. Une grande natte dans le dos et un aspect débraillé venaient par contre entacher cette ressemblance.

    "Puis je m'assoir à votre table monsieur ? s'enquit Ballin
    - Mais faites donc, il y a de la place encore pour une demie douzaine de concubines si l'envie leur en prenait de nous rejoindre.
    - Je vous en remercie. Dit Ballin rougissant à la remarque du marin.
    - Vous ne semblez guère être dans la marine messire. Me trompe je ? Dit l'homme dans un sourire tout en reluquant le plastron de Ballin. Que faites vous donc perdu en ce lieu voué plutôt à la détente de vagabonds des mers ?
    - Il se trouve que je suis à la recherche d'un équipage. La capitainerie étant fermée, on m'a dirigé vers cet établissement ..."
    L'homme prit un air rusé : "Un équipage dites vous ? Ne pourriez vous emprunter les lignes régulières ? Serait ce quelque commerce interdit ?
    - Non pas monsieur, je désire me rendre sur une ile en dehors des routes commerciales.
    - Vous m'intriguez ! Dites m'en plus ....
    - Il s'agit de l'Ile du Brouillard, où je dois me rendre pour une affaire de la plus haute importance !
    - Certes, certes ... Bonne chance dans votre recherche en ce cas !" Et il détourna les yeux.

    Cette sortie abrupte de son compagnon de table était sans équivoque possible une invitation à trouver auprès d'autres la solution à son problème de transport. Aussi, après s'être levé et salué le marin, Ballin se dirigea vers une autre table où trois matelots semblaient perdus dans une discussion houleuse sur le bestiaire maritime. D'un claquement sec des talons, qui fit tourner les têtes des convives attablés, Ballin salua.

    " Bien le bonsoir ! Il y aurait il une place à votre table ?
    - Pourquoi pas ? répondit le seul à ne pas s'être levé en grommelant pour aller au comptoir
    - Vous êtes bien aimable ...
    - Que nous vaut le plaisir de votre venue en cette taverne pour loups de mer ?
    - Je suis, tel que vous me voyez, à la recherche d'un navire. Dit Ballin en prenant place.
    - D'où le choix judicieux de cet endroit, je vois ... Où souhaiteriez vous donc aller mon ami ?"

    Ballin marqua un temps avant de répondre. L'homme qui était resté ne lui inspirait qu'une confiance modérée. Des petits yeux noirs qui encadraient un nez profilé comme la proue inversée d'un navire, étaient rehaussés d'une tignasse longue et sombre retenue par un bandeau. Un bouc très soigneusement entretenu contrastait avec la barbe de trois jours qui courrait sur ses joues. Une chemise et un pantalon bouffants complétaient cette parfaite tenue de corsaire.

    "Sur une ile sise en dehors des routes fréquentées. Dit Ballin sur ses gardes.
    - Oho ! Voyez vous ça !
    - Je vous voir venir et non, il n'est rien de suspect là dedans.
    - Palsambleu, monsieur, si je vous ai donné l'impression de vouloir m’enquérir de ce détail, j'en suis navré. Je ne suis guère regardant sur le côté frauduleux de ce que l'on me propose. Et puis, ajouta-t'il dans un clin d’œil, si l'on passait son temps à tout vérifier il n'en resterait guère pour conclure des affaires. Dites m'en donc un peu plus sur votre ile ...
    - Soit ! Il s'agit de l'Ile du Brouillard ...
    - Hum ! C'est en effet bien en dehors des routes usuelles et de ma propre zone d'activité je le crains ... Son visage, de souriant, avait viré au masque de cire impassible.
    - J'ai déjà vu réaction semblable à mon annonce ! N'y a-t'il point d’âmes valeureuse en ces murs ?
    - Tout doux mon bon sire ! Ce n'est point le courage qui nous manque et je vous le prouverai sur l'heure en croisant le fer avec n'importe quel homme ou en affrontant les pires tempêtes sur un pont balloté. Mais ce que vous demandez est du domaine de la folie ! Cette ile maudite est nichée au beau milieu d'un brouillard permanent et l'on ne peut en voir les cotes, constituées de rochers à fleur d'eau et de falaises, depuis la mer. Personne ne voudra risquer son navire dans pareille entreprise !!
    - Il doit pourtant bien y avoir un moyen ...
    - Écoutez le mieux que vous puissiez faire, est de partir avec la goélette de Trismon. Elle appareille dans deux jours et descendez lors de son escale à Cloth. De là vous pourriez trouver quelqu'un qui peut connaitre une voie praticable. L’Ile du Brouillard n'est qu'à quelques miles de là."

    En remerciant le corsaire pour ces indications, Ballin se leva et sorti de la taverne. Il se mit en quête d'une auberge ayant quelque chambre disponible. La dernière a en être pourvu, possédait des installations sanitaires qui eussent endeuillé, en son for intérieur, la profonde rigueur du sieur Ballin en la matière ... Aussi décida-t'il de patienter en sa bonne ville, les deux jours le séparant du voyage avant de revenir.

    Après avoir récupéré et fait boire son cheval dans la petite rivière qui courrait se jeter dans la baie, Ballin remonta en selle.


    "Les voies maritimes du Seigneur sont elles aussi impénétrables semblerait il mon vieil ami." Dit il à son compagnon équidé tout en lui flattant l'encolure. "Nous reviendrons donc dans deux jours ! Yahaa !!"

    Et il s'élança dans un tonnerre de sabots ...
    Puis il s'en fut, magnifique, sur son cheval caparaçonné dont les reflets de l'armure semblaient nacrés dans la douce lumière de cette fin d’après midi. Éperonnant sa monture, le voilà galopant dans le grondement des sabots sur la route de terre battue et le claquement sonore de sa cape au vent de sa course.
    *Tiens ! Je m’arrêterai bien boire un coup moi*
    Et là, l'image superbe du héros tout en panache se brisa, avec la subtilité du cristal sous le pas d'une trentaine de pachydermes

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    Interlude : Une nuit mouvementée.


    C'était en cette saison où la nature revêt son grand manteau de neige et de froidure. Le petit Ballin, alors âgé d'une courte douzaine de printemps, n'appréciait que modérément les joies procurées par cette couche poudreuse. En effet, en l'absence de ses géniteurs, il lui incombait, en tant qu'ainé de devoir veiller sur ses frères et sœurs et cette tâche se révélait plus que fastidieuse en cette période de l'année. Notre ami était déjà épris d'ordre et se sentait investi d'une mission que son sens des responsabilités précoce tout autant qu’aigu ne pouvait ignorer. Or, imaginez une assemblée bigarrée de lutins facétieux se jetant des boules de neige, criant, gesticulant, glissant et courant de partout. Voilà bien un obstacle sérieux au maintient d'un semblant de discipline !

    Aussi, ce fut avec un soulagement à peine dissimulé qu'il vit le soleil se préparer à passer une nuit de repos bien peu méritée au regard de sa performance calorifique et lumineuse certes, mais tout de même prévisible. Après d'âpres négociations, tournoiements de larmes et cris, récriminations et autres jérémiades, il parvint cependant à faire regagner à la petite troupe son logis. Une distribution de de lait chaud au miel et épices, une fois à bon port, parvint à calmer les derniers hoquets de tristesse habitant certains de ses cadets.

    Le souper puis le dîner passés, les parents n'étant toujours pas de retour, Ballin mit d'autorité ses frères et sœurs au lit, après leur avoir dûment raconté une histoire de sorcières, de loups et de dragons. Puis prenant son rôle à cœur, il se prépara à veiller sur la maisonnée endormie jusqu'à l'arrivée de la relève.

    Dehors, le vent soufflait en rafales ininterrompues et projetait force de flocons sur les carreaux des petites fenêtres par lesquelles on commençait à peiner à distinguer ce qui se passait en cette nuit sombre. Le toit gémissait sous la charge cumulée du poids de la neige l'encombrant et des bourrasques violentes tandis que les poutres, se sentant solidaires de cette peine ressentie par celui-ci, produisaient moult craquements sourds. En guise de touche finale à cette fresque sonore, les arbres alentours semblaient rivaliser de puissance pour donner un concert de sifflements longs et modulés.

    Notre jeune ami, l'oreille aux aguets, recroquevillé dans une couverture devant l’âtre de la pièce principale, avait sous son crâne une foule d'idées terrifiantes qui le faisaient se tasser un peu plus à chaque instant au fond de sa chaise à dossier. L'imagination débordante que l'on peut rencontrer chez un sujet de cet age était, en effet, grandement stimulée par l'atmosphère ambiante.

    Parmi la variété de sons perçus par Ballin, il en était un qui devenait plus insistant, pour ne pas dire obnubilant, à savoir un raclement de quelque chose de lourd sur le toit dont le contrepoint était le son de pas assourdis par l'épaisse couche de neige. Notre héros en herbe en vint à retenir sa respiration afin de mieux cerner ce nouvel élément qui devenait de plus en plus exclusif à ses oreilles. Il pensa d'abord à ses parents qui ne devaient plus trop tarder. Mais les pas étaient ceux d'une seule personne dont le poids devait avoisiner celui de ses deux géniteurs réunis. Il écarta donc rapidement cette possibilité de son esprit. Ce ne pouvait être un animal non plus, le tempo des pas trahissait une bipédie certaine et il y avait fort peu de bêtes recourant à ce type de locomotion dans la région, hormis parfois les ours et autres plantigrades du même acabit. Les interrogations et contre-interrogations fusaient dans sa tête au point de le rendre fou.

    Alors qu'il cherchait à se décider entre un monstre inconnu et un brigand en maraude, un toussotement lui parvint par le biais du conduit de la cheminée, le faisant presque sursauter. Au moins était-il fixé sur la nature de la menace qui planait sur sa tête, terme bien choisi vu que le foyer était à moins de deux pas de sa chaise. Remit de sa surprise, il senti le courage lui revenir à l'idée que le danger n'était plus aussi mystérieux. Il se leva donc et s’empara d'un tisonnier. Les braises rougeoyantes qui avaient peu à peu remplacées les flammes au sein de l’âtre, donnaient une lumière faible et projetaient des ombres fantasmagoriques sur les murs, renforçant l'impression de péril dans l'esprit imaginatif de Ballin.

    Lorsqu'un raclement se fit entendre dans le conduit de la cheminée, notre graine de chevalier se tapi dans l'ombre prêt à bondir. Quelques instants plus tard, un paquet de neige s'écrasa dans un sifflement furieux des braises criant leur désapprobation à cette arrivée incongrue d'un élément aqueux en leur sein. Mais Ballin n'en raffermi pas moins sa prise sur le manche du tisonnier. Peu après cette annonce d'entrée assez peu raffinée, un sac fit son apparition suspendu à une corde. Étrange était ce nouveau protagoniste : replet, bariolé de couleurs criardes et de blanc, il n'en était pas pour autant dépourvu d'un fond renforcé par une épaisse pièce de cuir qui, par son aspect roussi, trahissait un usage répété au sein de tisons et flammèches. Il se posa dans un soupir accompagné de tressautements de la corde indiquant à n'en point douter une descente en rappel d'un autre invité surprise.

    Ballin vit d'abord une paire de bottes reluisantes de propreté apparaitre. Suivit de près par un pantalon en velours rouge, puis d'une veste assortie et bordée d'une frange de fourrure blanche. Lorsque la tête parvint enfin à sortir du conduit, Ballin pu voir qu'elle était rehaussée d'un bonnet, rouge également, terminé par un pompon blanc. Telle une panthère silencieuse, notre jeune héros se glissa derrière l'individu avant qu'il ne puisse prendre pied au sol et se retourner. Vif comme l'éclair, il assena un coup puissant de sa matraque de fortune sur le crâne de l'intrus, qui s’effondra dans un grognement.

    Profitant de cette absence momentanée de sa cible, Ballin le sorti de l’âtre, non sans avoir vidé par la même occasion la moitié de la cendre que celui-ci contenait, et traina le lourdaud dans un coin. Il lui lia fortement les mains dans le dos et pu ainsi avoir tout le loisir de pouvoir examiner sa prise. Le bonhomme semblait être d'un age vénérable et portait une barbe tout de blanc immaculée assortie au bordures de sa veste. Le temps de ce rapide examen, l'homme commençait à émerger de sa léthargie ...

    "Ouch ma tête ..." Dit il dans un murmure. Ballin resta silencieux et le toisa du regard, son tisonnier, tordu par sa présentation au crâne de l'individu, toujours à la main.
    "Que m'est il arrivé ? Puis s'apercevant simultanément de la présence de Ballin et de ses poignets entravés, il enchaina : "Serais tu assez gentil mon petit pour me délivrer de ces liens ?
    - Certes non coquin, lui répondit Ballin avec la voix la plus basse qu'il sut produire, je t'ai pris la main dans le sac !
    - La main ...dans le sac ?
    - Ne joues pas au plus fin avec moi, maraud !"
    L'individu le fixa avec des yeux ronds de stupeur.
    "Euh ... Sais tu qui je suis ?
    - Non et je n'en ai cure. Tu expliqueras cela au sergent de la garde lorsqu'il viendra te chercher !
    - Mais je suis le Père Noël mon enfant ...
    - Vous ne voudriez tout de même pas que j'avale cette couleuvre ? Ce sont des histoires pour tenir les enfants sages. J'ai passé l'age de ces fariboles ...
    - Mais je ...
    - Cessez donc de gaspiller ainsi votre salive en pure perte ! Je vous ai dit de garder vos boniments pour la garde.
    - Tes parents sont là ? Le ton d'espoir que contenait cette question n'échappa guère à la vigilance de Ballin.
    - Non. Et je pense par ailleurs, que c'est pour cette raison que vous avez choisi ce moment pour commettre votre infâme forfait.
    - Tu es un bon garçon je vois, tu veilles sur ton foyer de toute la force de ton courage et je crois ...
    - La flatterie ne prend pas avec moi !" Le coupa sévèrement Ballin.
    L'intrus, sentant son approche manquée, changea de tactique :

    "Sais tu ce que contient mon sac ?
    - Je n'en ai pas la moindre once d'idée.
    - Et bien, ouvres le et tu verras la preuve de ce que j'avance ..."
    Ballin hésita. Ce vieillard tranquille semblait relativement inoffensif, mais son sac pouvait très bien comporter un piège se libérant à l'ouverture. Que faire ? Il prit finalement une décision et sorti le sac de l’âtre maintenant froid. Usant de la pointe de son tisonnier, il entreprit de délier la courroie lâche qui le maintenait clos. Cette tâche s’avéra plutôt aisée. Le sac s'ouvrit dans un souffle et ses pans tombèrent, révélant une hotte garnie de jouets en bois.

    "N'as tu pas honte à ton âge, vieil homme, de prendre ainsi les jeux des enfants ? Le gourmanda Ballin.
    - Mais ce sont les cadeaux que j'apporte ...
    - A d'autres mon gars. Je ne me laisserai pas abuser par une ruse aussi grossière ... Qu'est ce que cela encore ?"

    On venait, en effet, de frapper bruyamment à la porte du logis. Ballin se plaça derrière cette dernière et dit d'une voix inquisitrice :
    "Qui va là ?
    - C'est la garde !
    - La garde ? mais comment avez vous su ?"

    Ballin ouvrit précipitamment la porte.
    "J'ai capturé un monte-en-l'air !
    - Le Père Noël est il ici ?" Dirent simultanément Ballin et le sergent Poivre. Puis considérant ce que l'autre lui avait dit, chacun garda le silence.

    Ce fut Ballin qui le rompit le premier :

    "Le Père Noël dites vous ? Allons sergent, vous n'allez tout de même pas accorder le moindre crédit à cette fable ?
    - Mon jeune ami, il se trouve que ses lutins sont venus nous chercher dans notre casemate et dans un état d’affolement plus qu'alarmant, afin de sortir le Père Noël, pris selon eux, dans un guet-apens !
    - Cet homme ci, dit Ballin en désignant son prisonnier, serait le Père Noël ?!?!
    - Tout porte à le croire, répondit le sergent Poivre.
    - C'est lui ! C'est lui !" Crièrent en chœur les petites voix fluettes sortant de la bouche d'une dizaine de lutins surgissant de derrière le sergent et bondissant dans la pièce par la porte ouverte. Ils se jetèrent sur le vieil homme et le libérèrent des ses entraves. L'un d'entre eux appliqua un onguent sur la bosse proéminente qui mettait le bonnet de guingois par sa présence inopportune.

    Abasourdi par ce qui venait de se passer, Ballin resta là à les contempler, l’œil vide de toute expression et les bras ballants. Puis, comprenant sa méprise, se mit à virer à une teinte proche du cramoisi tant sa honte était grande. Voyant cela, le Père Noël, car c'était donc bien lui, chassa de la main les lutins prévenants et tint à Ballin ce discours :


    "Ne te morfonds pas ainsi mon garçon, tu as fait ce que tu estimais juste. Tu étais prêt à défendre avec bec et ongles ta maison et ta famille. C'est tout à fait remarquable pour un garçon de ton age, tu sais. Et pour cela, je ne pourrai te blâmer pour le traitement que tu m'as infligé ... Je vais plutôt te faire un cadeau exceptionnel pour ton courage sans faille, car c'est une récompense que tu mérites et non des reproches. Attention, ce n'est pas un jouet ! Je sais que l'avenir te réserve un destin glorieux et ceci, dit il en sortant une longue boite de sa hotte, est un instrument qui se révèlera fort utile lors de tes futures aventures !
    - Merci beaucoup Père Noël ! lui répondit un Ballin aux yeux émerveillés par la splendide épée à double tranchant que l'ouverture de la boite avait révélée. Je me souviendrai toujours de cet instant lorsque je la brandirai à la face de mes ennemis !
    - Souviens toi aussi de ne plus me tendre d’embuscade, si d'aventure tu te retrouves à nouveau seul à garder la maison un 24 décembre !" Dit le Père noël dans un sourire."Joyeux Noël à tous ! ho ho ho !"

    Et il s'en fut, comme dans les contes en chantant bien que titubant légèrement, suivit de sa ribambelle de lutins joyeux puis du sergent Poivre dans la nuit, afin de finir sa tournée qui avait pris un sérieux retard.

    *Ce bougre de tête de lard m'a fendu le crane en deux* Se dit le Père Noël qui voyait toujours trente-six chandelles.*La prochaine fois, j'envoie un lutin en éclaireur ...*

    Resté seul, le petit Ballin ralluma le feu dans la cheminée et repris position dans son fauteuil face à la chaleur de l’âtre. Il s'enroula à nouveau dans la couverture et serrant son épée rutilante sur son cœur fini par s'assoupir un sourire satisfait aux lèvres, pour plonger dans le monde onirique et ses songes de batailles glorieuses ... Et c'est ainsi que le trouvèrent ses parents à leur retour.
    Dernière modification par Ballin ; 07/01/2012 à 08h26.
    Puis il s'en fut, magnifique, sur son cheval caparaçonné dont les reflets de l'armure semblaient nacrés dans la douce lumière de cette fin d’après midi. Éperonnant sa monture, le voilà galopant dans le grondement des sabots sur la route de terre battue et le claquement sonore de sa cape au vent de sa course.
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    Episode V : Sur la route

    C'était un petit matin clair comme il s'en trouve de temps en temps durant l'automne. Quelques bancs de brume, rares vestiges de la nuit froide et humide qui avait précédé, s'accrochaient désespérément à l'orée du petit bois de l'Anduis que traversait Ballin et son fidèle transport. Cette étendue clairsemée d'arbres dénudés par la saison, marquait la limite du territoire de sa commune. Au delà, s'étendait une contrée vouée principalement à l'agriculture céréalière. Il fallait la traverser de part en part pour arriver sur le territoire de Nainète et le port de Noteugaime. Une chevauchée qui lui prendrait toute la matinée vraisemblablement.

    Le pays avait perdu ses couleurs d'or et de laiton dont se paraient ses champs de blé et d'orge lors de la période estivale. Seuls témoins de ce temps d’opulence, quelques tristes épis solitaires et oubliés sur le bord de la route lors du fauchage dressaient encore leurs têtes dépourvues de grains, mangés ou tombés depuis. Le sol présentait autrement une déprimante régularité de terre recouverte de paille et de tiges coupées à raz.

    Chaque village que Ballin traversait était habité de paysans bourrus et méfiants, qui le regardaient en marmonnant passer du haut son destrier. A leur décharge, on peut tout de même penser que les temps de guerre et de sauvagerie qui avaient ouvert ce siècle n'avaient point disposé ces gens à faire un accueil chaleureux aux étrangers portant les armes. Au bout du troisième village cependant, Ballin commençait à se sentir mal à l'aise sous les regards hostiles et inquisiteurs des fermiers et artisans locaux. Même les portes des auberges et tavernes se fermaient prudemment et à l'unisson des visages de leurs tenanciers sur le perron. Aussi, décida-t'il de faire un détour, afin de point devoir subir à nouveau cette épreuve à chaque village croisé par la suite. Cela pourrait ralentir son cheminement, mais il y gagnerait assurément en sérénité.

    Et c'est ainsi que louvoyant entre les hameaux et petites bourgades, Ballin vint à croiser un panneau routier confortablement niché entre les deux fourches de l'intersection qui se présentait. Le dit panneau était, malencontreusement, à demi effacé. A demi seulement car, bien que ses lettres en fussent illisibles, la frise qui en parcourait les rebords, elle, était encore vive.

    Retenant un juron, il s'écria :
    "C'est bien ma veine ! Logiquement, la voie de droite devrait me conduire sur un chemin parallèle à celui que je suivais initialement. Mais celle de gauche me fait pointer directement au Nord, ce qui pourrait me raccourcir le trajet notablement. Que faire ?"

    N'ayant prononcé ces mots qu'à sa propre intention, Ballin ne s'attendait guère à une réponse de son compagnon quadrupède. Pourtant, celui-ci tendit spontanément la tête vers l'embranchement de gauche. Prenant cela pour un signe du destin fort capricieux et avare de conseils, il décida donc de suivre cette inclinaison naturelle de son destrier. Ce dernier se mit donc en route vers la touffe de pissenlit qu'il avait repéré, se délectant déjà de son parfum doucement amer infusant dans sa bouche malgré la présence diablement incommodante du mors qui la traversait. Mais quel ne fut pas son désappointement, lorsque Ballin, d'un geste ferme, le ramena vers le centre la route. Adieu donc, ô douce cérémonie du palais !

    La route devint de moins en moins entretenue à mesure de la progression de nos deux compagnons, mais l'un et l'autre n'y prêtaient qu'une attention modérée, tout occupés qu'ils étaient à leurs pensées respectives. Il leur fallut pourtant sortir de leur rêverie lorsque au détour d'une colline, il se trouvèrent devant un portail surmonté d'une pancarte se balançant au vent léger. Celle-ci précisait que le propriétaire des lieux était un minotier de profession. Mais le triste état de la masure et de l'atelier attenant laissaient penser que l'activité n'était plus guère florissante en ces jours. Poussant un profond soupir empreint de lassitude à laquelle se joignait une pointe d'amertume, Ballin se prépara donc à faire demi-tour et redescendre la voie jusqu'à l'embranchement.

    A peine avait il fait volter son cheval avec un peu de rudesse, forme de blâme pour son mauvais jugement, qu'une voix retenti derrière lui.


    "Señor ! Señor ! Attendez ! Attendez moi !"

    Se retournant sur sa selle, Ballin vit apparaitre un petit homme gras et gesticulant qui s’essoufflait à courir vers lui. Il arrêta donc sa monture et attendit ce personnage qui n'était plus qu'à quelques pas maintenant. Arrivant enfin à sa hauteur en soufflant bruyamment, le petit homme se présenta tout en reprenant son souffle.

    "Bonjour señor ... puff puff .. je suis ... puff ... Sanson Poncho ... puff ...
    - Reprenez donc votre souffle mon ami, la conversation pourrait grandement y gagner en clareté.
    - Vous ... avez raison ... puff .. señor ..."

    Ballin en profita pour observer d'un regard amusé l'homme s’appelant Sanson Poncho. Son embonpoint plus que marqué donnait à celui ci une bonne trogne bien ronde nuancée par une teinte rougeâtre provoquée par l'effort de la petite course. De courts bras et jambes semblaient être plantés dans sa bedaine volumineuse, comme on fait des bonhommes en pomme de terre avec des petits pics de bois en guise de membres. Ayant en partie récupéré ses capacités respiratoires, le petit homme repris :

    "Ay ! Je suis fort heureux de votre venue, bien que tardive.
    - Ma venue ... tardive ?
    - Eh bien oui. N'êtes vous pas Don Chochotte ? Le célèbre chevalier ?
    - Jamais entendu parler ... Vous m'en voyez désolé !"

    A la mine déconfite de son interlocuteur, Ballin devina que cette déconvenue le bouleversait au plus haut point. Il enchaîna donc :
    "Puis-je vous aider ? Je ne suis certes pas Don Chochotte, ce célèbre inconnu, mais je pourrai peut être vous aider tout de même.
    - Vous feriez cela ? Grand merci señor ! Mais nous serions plus à notre aise pour parler dans mon humble demeure. Puis-je vous y convier ?
    - J'accepte volontiers !"

    Ils se dirigèrent donc vers la petite masure et le sieur Poncho y fit entrer Ballin. A l'intérieur, l'état de vetusté et de saleté de l'ameublement ne pouvaient manquer de heurter la sensibilité de Ballin sur la pratique rigoureuse de l'hygiène de vie et le besoin de salubrité inhérent à celle-ci.

    "Vous n'avez plus de nouvelles de votre domestique depuis un moment me semble-t'il ...
    - Non señor. Je n'en ai jamais eu. Mon épouse se chargeait des corvées domestiques voyez vous.
    - Chargeait ? Seriez vous veuf mon pauvre ami ? Ballin rechignait à s'assoir sur une chaise criante de crasse.
    - Non pas ! Cette femme sans cœur m'a abandonné pour un riche propriétaire de moulin, lorsque sur une main, il y eut trop de doigts pour compter les pièces de cuivre composant ma fortune personnelle. Poncho se laissa tomber lourdement sur un fauteuil rembourré, ce qui ne manqua pas de provoquer l'apparition d'un nuage de poussière qui emplit peu à peu la pièce.
    - Triste fin pour votre union en effet ... lui répondit Ballin tout en éventant de la main le nuage se rapprochant dangereusement de lui
    - Et depuis se jour j'ai juré de me venger ! Ils me le payerons tous !
    - Tous ? Mais de qui diable parlez vous donc ?
    - Eh bien des propriétaires de moulins qui m'ont mis sur la paille, bien entendu !
    - Ah ! Je pensais que votre épouse volage et matérialiste se donnait à plusieurs amants, l'espace d'un instant ...
    - Tout est de leur faute ! J'étais parmi les premiers à la fin de la dernière guerre a pouvoir produire de la farine. Tous les moulins avaient été démembrés au cours des différents passages de troupes montant à l'assaut de cités voisines. J'avais reconverti mon atelier en y installant une meule actionnée par la traction d'une mule autour de l'axe.
    - Je connais le principe, il était fort courant avant l'usage massif des moulins.
    - Précisément ! Et lorsque j'ai vu les moulins revenir à la vie et ma fortune revenir à néant, j'ai pensé que des temps de vache maigre s'annonçaient. J'étais bien loin du compte ! Plus un seul fermier ne me confie son grain ! Les moulins, par leur performances et leur célérité dans l'action, ont mis à genoux mon entreprise et votre serviteur en quelques années seulement. Poncho eut un air dépité.
    - Vous m'en voyez fort contrit, mais qu'y puis-je ?
    - Avez vous déjà combattu des géants ?
    - Une fois ou deux en effet, pourquoi cette question ? Quel rapport avec l'affaire qui vous préoccupe ?
    - Étaient-ils aussi haut qu'un moulin ?
    - Eh bien ... je ne me suis pas posé la question, je dois vous avouer. Et de plus, je n'avais pas de moulin sous la main pour me servir d'étalon de mesure à ce moment là.
    - Mais, ils devaient en approcher non ?
    - Certes, certes, mais je ne vois toujours pas ...
    - Don Chochotte, qui lui aussi avait combattu des géants, m'a dit que combattre un géant ou un moulin c'est du pareil au même ! Aussi m'avait il proposé de m'aider en attaquant et détruisant tous les moulins ! Ainsi, mon entreprise ayant de nouveau le monopole de la farine, redeviendra cette exploitation lucrative qu'elle fut autrefois ! C'est un plan génial ne trouvez vous pas ? Poncho semblait presque excité à cette idée et se leva d'un bon en jubilant.
    - Génial n'est précisément pas le mot qui me venait à l'esprit voyez vous ... Lui répondit Ballin les yeux écarquillés par la stupeur.
    - Comment cela ? Répondit Poncho sans masquer sa surprise.
    - Il se trouve que l'adjectif insensé me semblait plus adéquat. Comment diantre, voulez vous qu'un chevalier seul puisse venir à bout d'un moulin sans engins de siège ? En le démontant pierre par pierre ? Sans parler du caractère malhonnête d'une telle action ! Croyez vous sincèrement qu'un chevalier puisse engager sa ferveur dans pareille tâche ?
    - J'avoue ne point avoir songé à cela señor ...
    - Je le devine aisément ! Le mieux que vous puisiez faire est de reconvertir votre minoterie en moulin ou bien de changer de profession, tout bonnement ... On ne peut arrêter la marche du progrès ! Renoncerez vous donc à ce projet sans avenir ?
    - Oui señor. Et je vous remercie de ces conseils avisés.
    - Mais je vous en prie mon ami !"

    Ballin pris donc congé de son hôte et se retournant avant de franchir la porte, dit :

    "Pensez aussi à dissuader votre comparse chevalier de commettre quelque folie à l'encontre des moulins !"

    Il ne pouvait se douter que cette phrase, au demeurant anodine, engendrerait une légende, retranscrite plus tard par une plume plus talentueuse que la mienne, mais cela est une autre histoire ...
    Dernière modification par Ballin ; 21/07/2012 à 05h01. Motif: tsss ... encore des fautes ...
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    Episode VI : Le retour du jeudi.


    Après avoir donc prit congé de Sanson Poncho, Ballin atteignit tant bien que mal le port de Noteugaime, juste à temps pour voir le navire du capitaine Trismon quitter le port dans la douce lumière de cette fin de journée. Ce tableau magnifique, aux notes chaleureuses tempérées par un léger voile brumeux propre à cette saison, n'avait pourtant rien qui puisse réconforter le cœur de Ballin. Il lui sembla percevoir dans les cris des mouettes, comme une pointe de raillerie mal placée. Il fit tourner son destrier dans la rue de la capitainerie et reprit le même poteau de clôture pour y nouer la bride de son cheval.

    La porte de bois et de fer, cette fois ci, n'était pas surmontée d'un écriteau. Il la poussa donc et pénétra dans l'office. Il se retrouva dans
    une vaste pièce, haute de plafond, garnie de tables encombrées de cartes maritimes et d'instruments de navigation. Du plafond pendaient, retenus par des cordes, des ancres et autres trophées pris sur des créatures appartenant au règne de la faune aquatique. Il y régnait une forte odeur de tabac froid mêlée toutefois à une pointe saline ou iodée, la nuance étant difficile à percevoir tant le dit tabac était obnubilant. Au fond de cette pièce, était niché un bureau par dessus lequel la tête ronde du personnage l'ayant précédemment si bien reçu, le regardait placidement. Il se dirigea donc vers ce dernier.

    "Bien le bonjour, dit Ballin.
    - Bien le bonjour messire. Que puis-je pour vous ? Répondit obséquieusement le préposé.
    - Je souhaiterai me rendre à Cloth dans les plus brefs délais. Avez vous quelques capitaines en partance pour ce port ?
    - Il en était un oui, mais il a quitté le port depuis peu.
    - En effet et un retard imprévu me fit manquer ce départ ...
    - Laissez moi donc le temps de consulter mes registres, voulez vous ?"

    Levant sa masse dans un soupir, la petite boule se dirigea vers un vaste registre posé sur les cartes d'une des tables de la pièce.


    "Quel jour sommes nous ? Dimanche ?
    - Oui, dimanche, répondit sagement Ballin.
    - Alors aujourd'hui ... Hum ... non. Demain ... demain, demain ... Non plus. Là, non plus ..."
    Ballin commençait à montrer des signes d'impatience.
    "Eh bien il me reste une place sur sur une caravelle si vous le voulez, mais l'état de vétusté de cette dernière l'oblige à faire du cabotage le long des côtes et cela va considérablement allonger votre temps de voyage ...
    - Quand part elle ? Répondit sans même prendre le temps d'y réfléchir Ballin.
    - Jeudi dans la matinée. Si tout se passe bien et que les vents sont favorables vous devriez atteindre Cloth d'ici un mois ...
    - Un mois !! Ballin n'en revenait pas. Mais c'est une affaire urgente, monsieur.
    - Je ne me serais point permis d'en douter messire ! Mais, je n'aurais de toutes façons aucun autre navire en partance pour Cloth avant deux bonnes semaines.
    - Et bien soit, je serai de retour ici jeudi au matin." Dit Ballin d'une voix lasse.

    Sortant de la capitainerie, il remarqua un homme qui semblait l'attendre à coté de sa monture. L'homme flattait l'encolure du cheval en regardant Ballin d'un air absent. Il se dirigea donc vers lui et son destrier.

    "Messire, dit l'inconnu, je vous salue !
    - Salutations également. Répondit Ballin tout en dénouant les rênes du poteau.
    - Je me trouvais au Tonneau-qui-Flotte le jour où vous y êtes passé. Je n'étais guère en état de pouvoir vous aider à cet instant précis, mais j'ai tout de même perçu quelques bribes de votre conversation avec le capitaine Gribois."

    Ballin, leva un regard intéressé vers l'inconnu. Plutôt petit, un pardessus huilé sur les épaules, il semblait être pêcheur. Un visage buriné par les embruns et hâlé par le soleil renforçait singulièrement cette impression.

    "Ce dernier vous a donné un conseil fort avisé, dont vous n'avez visiblement pas tenu compte, car il n'y a plus de bateaux rapides pour Cloth en cette saison. La goélette de Trismon était le dernier. Enchaina le pécheur.
    - A la vérité, j'ai manqué ce départ de peu ...
    - Votre dessein était de trouver le moyen de rallier l'Ile du Brouillard me semble t'il ...
    - Vos oreilles ne vous ont point abusé sur ce point.
    - Puis-je vous demander le but de votre voyage ?
    - C'est personn ... Commença Ballin, mais il se reprit, désirant abréger cette conversation au plus vite. Je suis sur les traces de Saint Claudiquos qui aurait embarqué pour l'Ile du brouillard il y a un peu plus de 300 ans. Mais d'avoir manqué le départ du dernier navire rapide de la saison est un contretemps bien fâcheux ...
    - Peut être est ce en fait une chance pour vous messire. Ou peut être le ciel est il avec vous pour accomplir votre périple. Mais permettez moi de vous expliquer cela. Ma famille avait autrefois une compagnie et un navire de transport de passagers qui faisait la liaison entre ici et Cloth, exception faite des mois d'hiver cela s'entend. Un jour se présenta un ermite unijambiste qui disait vouloir se rendre sur l'Ile du Brouillard. Il s’avéra être Saint Clodicus ...
    - Claudiquos ! Rectifia Ballin.
    - Oui ! Saint Claudiquos ! Celui là même ! Et bien, ce saint homme voulait effectivement se rendre sur cette ile perdue au milieu des brumes impénétrables. Quel lieu sinistre c'est là ! Pour tout l'or du monde je ne songerai à me rendre en pareil lieu ... Les pires légendes de marins disparus ont encore cours à son sujet. Paraitrait il même qu'en plus des dangers que la cote traitresse vous font encourir, il y aurait des monstres marins rôdant aux alentours, avides qu'ils sont de se repaitre de chair humaine ! Pourquoi vous disais-je cela déjà ? Ah, oui ! mon aïeul, réussi à le convaincre de la quasi impossibilité de mener cette tâche à bien.
    - Et ? Demanda Ballin dont l'excitation mêlée à la surprise d'entendre ce récit semblait le rendre fou devant la lenteur de son interlocuteur pour en venir au fait.
    - Et mon aïeul, qu'il soit béni, lui proposa de trouver un autre endroit, si ce n'est aussi isolé, au moins aussi tranquille. Grand bien lui pris car il coula avec son ferry trois jours plus tard. Ah ! Quel grand malheur ce fut là messire ! Toute ma famille a perdu fortune et position sociale en ce jour funeste, car il fallu indemniser les familles des infortunés passagers ayant partagé ce triste sort. Pensez donc ! Ils avaient souscrit une assurance auprès de la compagnie familiale de transport sur leur personne et biens qui nous ...
    - J'en suis bien navré, surtout pour votre ancêtre disparu en mer ! Le coupa sèchement notre héros à deux doigts de lui secouer la tête afin d'en faire sortir directement l'information qui le concernait. Mais qu'est devenu Saint Claudiquos dans tout ça ?
    - J'y arrive justement messire. Figurez vous que suite à cet incident et sur les bons conseils de mon malheureux ancêtre, qui est vous avez raison de le souligner, le plus à plaindre dans cette histoire qui lui aura quand même couté la vie, le saint homme parti vers l'Est.
    - Et ? Ballin allait exploser d'une seconde à l'autre.
    - Et rien, je n'en sais pas plus ..."

    Ballin souffla bruyamment. Tout cette histoire pour rien !

    Non, à la réflexion, ce n'était pas totalement juste de déclarer cela ! Il y avait quand même une information d'importance, Saint Claudiquos ne s'était point rendu sur l'Ile du Brouillard. Restait maintenant à déterminer quelle fut sa destination finale. Vers l'Est, cela reste trop maigre comme piste pour être exploitable. Il lui fallait rejoindre le Château de la Sorcière où il avait rassemblé toutes ses cartes géographiques et examiner les routes probables que Saint Claudiquos avait pu emprunter. Cela réduirait quand même substantiellement l'étendue du champs de possibilités à sonder.

    Après avoir remercié le pêcheur d'une franche poignée de main accompagnée d'une pièce d'or, un peu pour se déculpabiliser de son irritation à
    peine masquée lors de leur conversation, Ballin remonta en selle et, saluant de la main l'homme qui lui avait évité une périlleuse autant qu'inutile traversée maritime, reprit le chemin des terres de la Sorcière Grise.

    Mais, tout absorbé qu'il était dans ses réflexions sur le destin et ses tours rocambolesques dont il était le jouet plus que l'instrument, il ne
    vit pas que sa monture le menait, au lieu de la route escomptée, sur une piste peu usitée débouchant sur un groupement de collines ...
    Dernière modification par Ballin ; 28/12/2011 à 16h58.
    Puis il s'en fut, magnifique, sur son cheval caparaçonné dont les reflets de l'armure semblaient nacrés dans la douce lumière de cette fin d’après midi. Éperonnant sa monture, le voilà galopant dans le grondement des sabots sur la route de terre battue et le claquement sonore de sa cape au vent de sa course.
    *Tiens ! Je m’arrêterai bien boire un coup moi*
    Et là, l'image superbe du héros tout en panache se brisa, avec la subtilité du cristal sous le pas d'une trentaine de pachydermes

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    Episode VII : Le sphinx.


    Nous retrouvons notre héros qui, sortant de sa rêverie, remarque que la route qui n'était qu'une piste, à peine un sentier, serpente à présent entre des collines basses.

    "Où nous as tu envoyé ? Dit Ballin à l'intention de sa monture. Je n'ai guère prêté attention au chemin que nous avons pris et nous voilà dans un recoin que je ne connais guère ... Montons sur une colline, nous verrons bien ce que le panorama nous révèle ..."

    D'une impulsion simultanée des talons et de sa main gauche, Ballin fit quitter le sentier à son destrier. Tout en gravissant la faible pente qui le menait vers le sommet, il prit des repères visuels, vieille habitude de militaire accompli. Arrivé à destination, il se tourna dans toutes les directions, juché sur sa selle. Partout le même morne ordonnancement de collines, toutes semblables, à perte de vue. Jugeant que la probabilité de trouver un chemin qui, au milieu de ce dédale, le mènerait directement au Château titillerait du doigt le néant, il décida donc de rebrousser chemin. Sage décision en vérité, car n'ayant emporté de cartes de la région, il eut été bien en peine de déterminer sa position exacte. Mais il était facile de déduire, pour ses yeux habitués à la lecture des signes offerts par la nature, la direction à suivre pour retrouver son point d'origine.


    Il fit donc redescendre la petite pente herbeuse à sa monture afin de regagner le sentier. Pressant le pas de ce dernier afin de ne pas être surpris par la nuit en territoire inconnu, il se dirigea vers le Nord Est au petit galop. Mais le jour baissait terriblement alors qu'il n'apercevait toujours pas la fin de ce labyrinthe de collines. La prudence qui sommeille en Ballin lui conseilla de faire halte au premier endroit convenable afin d'y attendre le jour et prendre quelque repos. Avisant un creux dans une colline, qui lui donnait un air d'écuelle, il descendit de sa monture et, la prenant par la bride, l'emmena avec lui en chargeant du petit bois de ronces et d'arbres maigrichons poussant là.

    Le ciel était dégagé, au moins ne devrait il pas pleuvoir. Aussi Ballin déroula sa couverture de selle, après avoir délesté son cheval de son harnachement. Il fit un feu réduit afin d'éloigner les bêtes sans se faire trop repérer quand même et s’installa sous un rocher afin de dormir un peu. Celui ci masquait en partie la voute céleste au regard, mais le restant semblait scintiller comme si le froid l'avait saupoudré de cristaux de glace. Il souffla sur le feu afin d'en dégager une illusoire chaleur supplémentaire, frissonnant malgré lui. Puis, serrant sa couverture autour de lui, se laissa lentement glisser dans le sommeil que semblait vouloir bercer le doux murmure du vent dans les arbustes environnants ...

    Un bruit ! Ballin se réveilla en sursaut, tous ses sens en alerte. Il se frotta les yeux et lâcha un presque un juron en voyant que le feu mourant ne dispensait plus qu'une maigre lumière, insuffisante pour révéler ce qui se trouvait au delà du cercle de son campement de fortune. Se levant doucement tout en tirant son épée du fourreau, il écoutait les sons de la nuit, cherchant un indice sur la nature de l'éventuelle menace. Mais rien pourtant ne semblait troubler l'harmonieuse paix qui recouvrait la nuit. Aurait il rêvé ? Son destrier, lui aussi vieux briscard habitué à l'action, ne semblait pas partager son inquiétude aussi décida-t'il de se rendormir un peu. A peine eut il regagné la position horizontale et fermé les yeux, qu'il entendit une voix qui semblait portée par le vent. Se levant d'un bond cette fois, Ballin remit du bois dans le feu et chercha de ses yeux et oreilles l'origine de cette voix.


    "Ballin ! Ballin ! Semblait dire la voix tourbillonnant autour de lui au gré des caprices d’Éole.
    - Qui êtes vous ? Cria celui ci en réponse.
    - Ballin ! Viens, viens me rejoindre ...
    - Que me voulez vous ? J'ai encore une longue route à faire au lever du jour et n'ai guère de temps à consacrer au jeu de cache-cache.
    - Ballin ! Par ici, Ballin !"

    La voix semblait se préciser et venir du Nord. Il quitta donc le cercle de lumière de son feu et s'avança dans les ténêbres vers son origine probable. Ses yeux tentèrent de s'accoutumer tant bien que mal au changement brutal d'éclairage, mais pas encore assez vite pour qu'il puisse voir la crevasse sous ses pas. La chute soudaine lui fit lacher un cri de surprise. Après une courte chute, il fit un atterrissage digne d'un moineau percé d'une douzaine de flêches qui le laissa sonné pendant quelques minutes. Se relevant péniblement, il entendit de nouveau la voix.

    "Ah ! Je crois que j'ai omis de parler de la crevasse, n'est ce pas ?
    - Parce qu'en plus vous le saviez ?!?
    - Oui, c'est mon rôle de tout savoir ...
    - C'est bien ma veine de tomber sur un oracle de votre magnitude !!
    - Bon, là je débute c'est vrai ... Mais ce n'est qu'un cafouillage qui ne se reproduira plus !
    - Finissons en voulez vous ... Il me faut encore trouver un moyen de rejoindre mon campement.
    - Justement, suis la faille par ta droite et me trouveras.
    - C'est surtout une sortie que je cherche ...
    - Rejoins moi et je te dirais ce que tu veux savoir au plus profond de ton être !
    - Soit ! Plus vite ce sera fait, plus vite je serai de retour auprès du feu."

    Cette dernière allégation n'était pourtant pas des plus exactes, car la température dans la faille était bien plus douce que celle régnant au dehors. Ballin suivit donc la faille par la droite pendant quelques instants avant de déboucher sur une cavité souterraine. Il y faisait chaud et l'endroit était brillamment éclairé de nombreux braséros et torches. La grotte semblait d'origine naturelle, mais arrangée de main d'homme. Une estrade de pierre monumentale avait été taillée dans le sol en pente. Celle ci était entièrement vide de tout ornement ou personnage.

    "Bien, maintenant que tu me vois, tes doutes doivent se dissiper ! Dit la voix.
    - Je ne vois personne ... et je commence à croire que vous vous payez ma tête ...
    - Tu ne vois pers... Oh ! C'est vrai je ne suis pas au bon endroit !"

    Il y eut comme un roulement de tambour et la salle sembla d'un coup être pleine de brume. Ballin sur ses gardes fini par distinguer une masse sur l'estrade qui n'y était pas présente l'instant d'avant. Portant la main à la garde de son épée, il chercha à identifier les contours de cet énorme élément apparu. La brume se dispersa d'un coup révelant le corps du nouveau venu. C'était un gigantesque chat bleu tigré de noir dont le corps occupait à présent l'ensemble de l'estrade pourtant volumineuse. Son visage semi-humanoïde était surmonté d'une coiffe étrange lui retombant de chaque côté de la tête en drappé. Un bandeau d'or, surmonté d'un cobra aux yeux de rubis, retenait le tout. Le chat semblait observer Ballin de son regard marqué d'un strabisme convergeant.

    "Voilà qui est arrangé ! C'était le chat qui émettait cette voix !
    - Euh ... Mais qui êtes vous ? J'ai déjà vu, dans des ouvrages de voyageurs revenant d'Afraby, des gravures vous ressemblant ...
    - Cela ne me surprends guère mon cher Ballin ! Je suis un sphinx ! Oh, pas celui qui est si célèbre de part le monde, mais un sphinx tout de même ! J'ai obtenu mon diplôme avec mention qui plus est !
    - Vous m'en direz tant.
    - Je ne suis pas encore bien familier avec la pratique de ce poste et pour tout t'avouer, tu es le premier cas dont on m'a chargé. Mais je sens que tu seras grandement satisfait de notre rencontre.
    - Et si nous en revenions à l'affaire qui nous préoccupe ? Je ne voudrais pas abuser de votre temps précieux ... Dit Ballin avec dans la voix un ton si dubitatif qu'il en rendait peu crédible l'affirmation qu'elle portait.
    - Cela n'est point un problème pour moi. Je n'ai rien d'autre à faire pour le moment. Étant sphinx débutant du dernier échelon, je n'ai pas trop de contrats encore .. Mais tu as raison ! Aux faits ! Tenons nous en aux faits ! Vois tu mon cher Ballin, les dieux dans leur grande bonté m'ont chargé de t'aider dans ta quête glorieuse !
    - Vraiment ?
    - Absolument !
    - Je dois dire que je suis hautement sceptique, il n'est pour moi qu'un seul dieu et j'en suis le vaillant défenseur ! Le fait que tu en mentionnes plusieurs me porte à croire à ton manque de foi.
    - C'est un peu plus compliqué en fait. Regarde, ceux de mon espèce eux même font l'objet d'un culte dans certaines parties du monde au même titre que d'autres divinités. Mais je ne suis pas là pour ça ... Si je suis là c'est que ... le destin, va donner une nouvelle impulsion pour que tu puisse mener ta quête à bien.
    - Je t'écoute sphinx blasphémateur !
    - Il te faudra répondre à une énigme et en échange tu pourras me demander tout ce que tu veux savoir.
    - Une énigme ? Et c'est tout ?
    - Oui oui !
    - Très bien, posez moi votre énigme ...
    - Alors, attention ! ... C'est part...i ! Je suis le produit d'un déplacement de particules chargées au sein d'un élément dit conducteur dû à la différence de potentiel à chacune de ses extrémités. Je suis ? Je suis ? Je suis ?
    - Je n'ai pas compris un traitre mot de votre question !! Dit Ballin effaré. Vous êtes sûr d'être là pour m'aider ?
    - Mais ... C'était pourtant facile ... C'est l’électricité !
    - Jamais entendu parler de votre affaire ...
    - L'électricité ? Tu te moques ? Regardes autour de toi et tu verras ... euh, des torches et des braseros ? Ah ? Le sphinx sembla réfléchir un instant. Mais oui, cela n'a pas encore été découvert à ton époque ! Je suis décidément bien étourdi aujourd'hui.
    - Bon, il est tard et vos histoires commencent à me faire perdre patience !
    - Allez ! Je suis beau joueur, demandes moi ce que tu veux et je te répondrais.
    - Ce que je veux ?
    - Oui !
    - Très bien ! Comment puis je rejoindre mon camp ?
    - Comment tu peux ... Euh, tu es sûr de ta question ?
    - Oui ! J'en ai plus qu'assez de vos sornettes et je n'ai qu'une hâte, c'est de me coucher pour les quelques heures qui me restent avant le lever du soleil ! L'exaspération était très facilement repérable dans le ton qu'il employa.
    - Soit ! Bougre de tête de mule ! Tu vas y retourner à ton camp de misère ! Zahbam !!" Alors que le sphinx prononçait cette dernière onomatopée d'une voix offusquée, la pièce disparu des yeux de Ballin qui se retrouva allongé sur sa couverture auprès du feu.

    "Ah ça ! Dit Ballin à haute voix. Dieu se gausserait il de moi ? Ou cela était il une nouvelle épreuve pour tester ma patience et ma foi ? Ce sphinx de pacotille m'a fait perdre en tout cas un temps précieux de sommeil ... Encore une fois le proverbe à raison : chat qui louche, n'attrape pas les mouches ... "

    Il fini par se rendormir au bout d'un court moment, mais avec au ventre l'étrange sensation d'avoir manqué quelque-chose ...
    Puis il s'en fut, magnifique, sur son cheval caparaçonné dont les reflets de l'armure semblaient nacrés dans la douce lumière de cette fin d’après midi. Éperonnant sa monture, le voilà galopant dans le grondement des sabots sur la route de terre battue et le claquement sonore de sa cape au vent de sa course.
    *Tiens ! Je m’arrêterai bien boire un coup moi*
    Et là, l'image superbe du héros tout en panache se brisa, avec la subtilité du cristal sous le pas d'une trentaine de pachydermes

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    Episode VIII : S.O.S. Dame Blanche !!

    Un beau matin clair venait de débuter. Le petit rouge-gorge volait sereinement dans un ciel limpide comme une mer d'azur. Quelques bandes nuageuses d'un blanc cotonneux, barraient l'horizon de leur tracé flou, renforçant le bleu intense du ciel. Il survolait présentement une région de collines régulières où s'étalaient sous la lumière douce de ces premières heures de la journée, de petits arbrisseaux et des bouquets épars de plantes basses. Avisant un buisson que tachetaient des baies sombres et appétissantes, il agita frénétiquement ses ailes pour modifier son cap et plonger dans cette direction. Dans un survol impeccable, il repéra une branche robuste et bien garnie de l'objet de sa convoitise.

    Se délectant par avance de la saveur acidulée qu'il savait contenue dans cette grappe sise à un saut de sa position, il se posa et entonna un chant merveilleux, une ode à la nature et sa douceur, qui était le parfait contre point de ce tableau idyllique. Brave petit rouge-gorge ! Satisfait de ce prélude à cet en-cas matinal, il fit un bond de côté afin de se rapprocher des fruits désirés. Grand bien lui pris car à cette même seconde, une pierre fusa en sa direction ! Il prit son envol à tire-d'ailes pour échapper aux jurons et autres projectiles lancés par un Ballin encore à moitié endormi et rageant contre ce trouble sommeil ...


    "Après les chats, les oiseaux !!" Cria-t'il en brandissant son poing en direction du volatile déjà loin.

    Son destrier jeta un coup d’œil rapide, entre deux touffes d'herbes qui composaient son petit déjeuner, inquiet de l'entendre ronchonner dès le matin. Mais cet interlude terminé, son cavalier semblant reprendre son calme, il continua son frugal repas, songeant à la ration d'avoine qui ne manquerait pas de lui être administrée une fois rentré à l'écurie.

    Ballin s'étira en grognant et tout en pliant sa couverture mangea ce qu'il lui restait de provisions de route. Il mis la couverture de selle en place sur le dos de son cheval et le sangla pour le voyage. Se hissant dessus, il regarda le ciel pour y déceler les indices sur le temps à venir et n'y décelant aucune menace, piqua des deux pour faire partir son cheval au galop. Tous deux reprirent donc le chemin de Noteugaime.

    Après une heure de chevauchée, les collines avaient fait place aux champs sans fin qui bordaient la limite du territoire de Noteugaime. Ballin, reprit donc le chemin du Château de la Sorcière, qui l'avait amené la veille. Selon le même stratagème que pour l'aller, il évita la traversée des bourgs qui s'étalaient le long de la route du Sud et trouva un chemin, à peine une piste, qui semblait servir ses desseins. Celui ci longeait une rivière au cours serein, bordée d'aulnes et des bouquets de roseaux. Il n'était pas encore midi et Ballin se détendit en songeant au chemin déjà parcouru, il ne lui restait plus que deux ou trois heures à ce rythme pour arriver à bon port.

    C'est alors qu'au détour d'un buisson, il vit un paysan aux habits déchirés assis la tête entre les mains et pleurant à chaudes larmes. Bien triste était son allure ; ses manches de chemise pendaient arrachées et sa culotte était fendue sur le côté gauche d'une longue entaille qui laissait apparaitre une jambe couverte de bleus. Cette image fut trop dure à supporter pour le grand cœur de notre ami et arrêtant son destrier à la hauteur de l'homme, il lui demanda :

    "Salut mon brave ! Puis je vous être d'un quelconque secours dans votre détresse ?
    - Je ne sais monseigneur, lui répondit l'homme en relevant la tête et s'essuyant les yeux du revers de la manche. C'est en effet un grand malheur qui vient de me frapper ...
    - Dites m'en plus, je verrai ce que je pourrai faire.
    - Eh ben voilà, je suis Emile Seug-hun, éleveur de profession. Je partais pour le marché accompagné de dame Blanche lorsque des forbans nous ont attaqué ici même ! Ils étaient toute une compagnie, armés d'épées et de piques, ils m'ont rudoyé et détroussé de ma monnaie. Mais le plus grave est qu'ils ont enlevé dame Blanche ! Je les ai vu partir sans pouvoir rien faire ... L'homme se remit à pleurer.
    - Cela s'est passé il y a combien de temps ? Dans quelle direction sont ils partis ?
    - Il y a une heure environ ... snif snif ... je les ai vu partir vers le Nord Est en passant la rivière par le gué juste plus haut. Il parlaient d'intercepter un convoi de marchand plus loin.
    - Pouvez vous me donner d'autres indications qui pourraient m'être utiles ? Une description de dame Blanche ? Ou des forbans ?
    - Elle a une robe d'un blanc immaculé ... Enfin, du moins l'était elle avant d'être enlevée." Et il se remit à sangloter.

    L'homme était encore visiblement sous le choc, aussi Ballin n'insista pas et tourna bride en direction du gué sus mentionné. Une fois franchi, il mit pied à terre afin de relever les traces et déterminer la direction prise par les bandits. Cela ne devrait pas être bien difficile, vu le nombre d'empreinte à suivre et ils semblaient être accompagnés d'un animal de bat, qui laissait de petites traces au milieu des empreintes de pas. Satisfait par cette inspection, il se remit en selle et suivit la piste encore fraîche. Lançant son destrier au galop, il parvint rapidement à un carrefour où se tenait une furieuse bataille. Le cliquetis des armes et les cris des guerriers avaient fait mettre pied à terre à Ballin.

    Les guerriers défendant la caravane étaient regroupés autour des chariots et faisaient face aux bandits avec bravoure quoi qu'en nombre inférieur. Dégainant son épée longue, Ballin poussa un cri en chargeant le premier bandit à sa portée. Celui ci eut à peine le temps de se retourner et ses yeux restèrent figés par l'étonnement lorsque sa tête roula au sol. Tel un démon Ballin sauta au milieu du groupe principal des bandits et son épée se mit à vibrer d'une chanson funeste, découpant armure et chair dans une danse frénétique. Surpris par cette arrivée soudaine, les bandits tombaient comme le blé mur sous la faux. Les piquiers, mal équipés pour le corps à corps, ne pouvaient tenir Ballin en respect comme ils le faisaient avec les gardes de la caravane qu'ils avaient acculés au dos des chariots.

    Soudain les bandits s'écartèrent de Ballin et un gigantesque barbu, portant une hache à deux mains non moins gigantesque, vint à sa rencontre. Sans autre forme de présentation, il lui lança un sourire édenté et un vigoureux coup de hache circulaire. Se baissant promptement, Ballin esquiva de justesse le coup qui aurait pu le couper en deux. Il ne put cependant pas sauver le plumeau de son casque qui fut tranché net au passage. Mais c'était un bien moindre mal. Profitant que le bandit se remettait en garde, il se fendit et le toucha au genou droit. Le géant ne sembla même pas remarquer la blessure, lorsqu'il abattit sa hache dans un grognement. Roulant sur le côté, Ballin esquiva de nouveau ce coup porté de haut en bas. La hache était profondément enfoncée dans le sol et le géant grimaça en prenant appui sur sa jambe blessée. Exploitant ce répit momentané, Ballin se remit debout et frappa au bras droit l'atteignant au dessous du coude. Voyant que leur champion ne viendrait pas à bout de notre héros, les bandits revinrent à la charge. Grand mal leur pris car en échappant aux coups du géant, Ballin vit les bandits se faire hacher par son adversaire qui manquait maintenant de précision dans ses frappes. Ils reculèrent donc à nouveau, laissant trois des leurs sur le carreau.

    Cette diversion offerte par Ballin ne manqua pas d'avoir une réponse de la part des défenseurs de la caravane, qui profitèrent de l'occasion pour faire une percée dans les rangs des bandits. Les piquiers étant fortement désorganisés et diminués, le corps à corps furieux s'engagea. Les bandits n'étaient pas aussi expérimentés que ses mercenaires habitués à vaincre ou mourir. Et bientôt il n'en resta plus qu'une poignée, qui fut bientôt maitrisée et désarmée. Tous les yeux se tournèrent donc vers le combat de Ballin et Goliath. Ce dernier était maintenant blessé de partout et perdait beaucoup de sang. Il soufflait bruyamment lorsqu'il maniait sa hache que l'on voyait maintenant lui peser. Ballin lui était couvert de poussière à force de plonger et esquiver à tout va, mais n'était pas blessé ou même épuisé encore, de plus il sentait la victoire approcher. Il fit semblant de trébucher et au dernier moment, lorsque le géant arma son coup, il plongea sur lui, épée en avant et le transperça sous le cœur. Lâchant sa hache, le géant roula des yeux et agrippa l'épée par la lame. D'une torsion du poignet, Ballin dégagea celle ci et un flot de sang accompagna ce mouvement. Pliant les genoux, le géant tomba au sol dans un râle d'agonie.

    Des bravos et vivas retentirent et les marchands et guerriers de la caravane se précipitèrent pour acclamer Ballin. Un homme replet et vêtu de soieries se présenta devant lui.


    "Mon nom est Marc Haupoleau et je suis le maitre de la caravane. Monsieur, nous vous devons la vie et nos marchandises. Nous devons faire une halte ici afin de réparer les quelques dégâts et soigner nos blessés. Voulez vous profiter de notre hospitalité et vous joindre à nous pour un festin bien mérité ? Vous en seriez l'invité d'honneur et rien ne vous sera refusé. Nous avons du vin, des vivres de grande qualité et même quelques esclaves pour satisfaire vos appétits d'homme. Tout ce que vous voulez est à vous.
    - Il ne serait pas séant d'éconduire une si généreuse proposition, répondit Ballin qui était gêné par la mention des esclaves, mais je suis pris par le temps car je suis en mission. J'accepterai donc volontiers des vivres de route, comme une outre de vin et du pain, quelques viandes séchées ou fromages.
    - Vous me voyez peiné de vous voir partir déjà, mais je ne peux vous retenir si vous n'avez guère le loisir de le faire. Je vais donc vous faire préparer vos vivres et votre monture que nous avons trouvée plus loin.
    - Je vous en remercie. Je dois également interroger les prisonniers que vous avez fait.
    - Ils sont tous rassemblés ici, dit le maitre marchand dans un geste. Nous comptons les vendre dans les ports du Nord pour les galères mais vous pouvez en disposer comme bon vous semble."

    Ballin se dirigea donc vers le groupe de bandits survivants qui étaient déjà sous les chaines. Les toisant un par un, la main sur le pommeau de son épée, il repéra celui dont le regard était le plus fuyant.

    "Toi, dit il en le désignant.
    - Moi monseigneur ? Répondit le bandit tremblant.
    - Vous avez attaqué un paysan en venant ici. Où est la dame qui l'accompagnait ?
    - Quelle dame ?
    - Ne te moque pas de moi, tu n'es pas en position de le faire. Et Ballin, joignant le geste à la parole, dégaina son épée pour la pointer sur lui.
    - Je ne me le permettrais pas messire ! Mais un petit groupe nous a quitté car certains voulaient continuer à rançonner de simples voyageurs, estimant, avec raison vu ce qui nous est arrivé, que cela serait plus aisé. Peut être est elle avec eux ..."

    Fronçant les sourcils, Ballin se rappela qu'effectivement juste avant d'arriver sur les lieux du combat, certaines traces semblaient obliquer vers la forêt un peu plus à l'Est. Sa monture avait été brossée et les fontes de sa selle étaient bien garnies en victuailles. Aussi, Ballin se remit en selle en saluant les membres de la caravane et leur souhaitant bonne route. Puis il reprit la piste du groupe qui s'était séparé.

    A suivre ....
    Dernière modification par Ballin ; 22/12/2012 à 03h09. Motif: Les fautes ne sont pas nécessaires^^
    Puis il s'en fut, magnifique, sur son cheval caparaçonné dont les reflets de l'armure semblaient nacrés dans la douce lumière de cette fin d’après midi. Éperonnant sa monture, le voilà galopant dans le grondement des sabots sur la route de terre battue et le claquement sonore de sa cape au vent de sa course.
    *Tiens ! Je m’arrêterai bien boire un coup moi*
    Et là, l'image superbe du héros tout en panache se brisa, avec la subtilité du cristal sous le pas d'une trentaine de pachydermes

  10. #10
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    Episode IX : Goat buster !

    Nous retrouvons notre héros, suivant la piste du deuxième groupe. N'écoutant que son courage (comment pourrait-il faillir, alors qu'il venait de terrasser un géant ainsi qu'une quinzaine de bandits ?), Ballin remonte les empreintes laissées par les bandits et leur animal de bât.

    Au bout d'une demie heure, il était parvenu à l'orée d'un bois et son instinct lui dicta de mettre pied à terre de nouveau.

    Attachant les rênes de sa monture à une branche basse, il dégaina silencieusement son épée de son fourreau et avança, avec un luxe de précautions que l'on pourrait taxer de faste, dans les buissons. Au bout de quelques pas ses oreilles captèrent un rire gras accompagnés de cris et de bruits de lutte. S'avançant, il perçu la fin d'une conversation :


    ".... si tu ne la tiens pas mieux que ça ! C'est moi qui vais me blesser à force ! Plaquez la au sol si il le faut ! Elle ne va pas me résister longtemps je vous le dis !!" Et de nouveau le rire retentit à travers le bois.

    A ces mots, le sang de Ballin ne fit qu'un tour. Ces gredins allaient s'en prendre à dame Blanche et mieux valait ne pas songer à ce qu'ils allaient lui faire subir comme outrages ... Il arriva sur ces entrefaites à la limite d'une clairière. Passant la tête par dessus un buisson, il observa rapidement la scène. Cinq bandits se tenaient là, un tenait d'une main un couteau et de l'autre la tête d'une chèvre. Un autre individu la tenait plaquée au sol. Les trois autres regardaient d'un œil goguenard la scène. Aucune trace de dame Blanche par contre, mais au moins avait-il l'explication de la présence des empreintes qu'il avait prise pour celle d'un animal de bât.

    Ayant repéré les lieux, Ballin bondit silencieusement derrière les deux premiers qui lui tournaient le dos. D'un large mouvement de son épée, il assomma du plat de celle ci les deux forbans qui s'effondrèrent telles deux masses indistinctes. Ce mouvement rapide ne fut pas repéré assez vite par le troisième observateur qui se retrouva lui aussi gisant au sol dans les secondes qui suivirent. Les bandits qui s'occupaient de l'animal affolé lâchèrent leur victime pour se tourner vers ce nouveau protagoniste. Le premier n'eut guère le temps d'user de son couteau et ses yeux ronds de stupeur restèrent un moment à s'attarder sur le mètre vingt de bon acier qui lui transperçait le corps de part en part.

    S'en suivit un échange de bottes et parades entre Ballin et le dernier bandit. Celui ci rusait et employait force de coups vicieux mais sa dextérité ne pouvait prendre en défaut les réflexes surentrainés de Ballin, en vrai habitué des champs de bataille. Le combat devint vite une tentative désespérée pour le brigand de parer les coups qui pleuvaient autour de lui. Dans un bond en arrière, il jeta son épée courte au sol et leva les mains en signe de soumission.


    "Grâce messire ! Je me rends !!"

    Ballin ne baissa pas sa garde de suite, craignant une fourberie. Il pointa au contraire son épée au niveau du visage de son adversaire.

    "Soit coquin ! Je vais peut être te laisser la vie sauve ! Mais avant dis moi ce que vous avez fait de dame Blanche !
    - De ... Qui ? Répondit le forban écarquillant les yeux.
    - Ne joues pas au plus fin avec moi ! Et surtout pas dans ta position ! Il appuya cette dernière remarque d'un mouvement de son épée en direction des yeux de son prisonnier
    - Je ne comprends pas un traitre mot de ce que vous me dites ... messire ... répondit l'homme qui louchait à présent sur la pointe tendue vers lui.
    - N'avez vous pas attaqué ce matin un pauvre paysan ?
    - Si fait messire ! Mais nous n'avons point vu de dame l'accompagnant.
    - Fieffé menteur ! Je crois que je vais te couper une oreille, peut être que l'usage des deux en simultané t'empêche de te concentrer sur ma question !
    - Non, messire !!! Hurla t'il. Il n'y avait que ce paysan et cette chèvre que nous avons pris pour en faire notre déjeuner." Il tremblait de tous ses membres.

    Ballin se ravisa en voyant l'attitude de l'homme. Il sautait aux yeux que ce dernier était terrorisé à l'idée de se faire torturer par Ballin, il ne pouvait donc mentir. Contournant l'homme rapidement, il lui abattit le pommeau de son épée sur le crane et pu ainsi tranquillement ligoter tous les bandits ayant survécu à cet assaut autour d'un arbre. Les cordes trouvées dans le matériel entreposé dans cette clairière lui furent d'un grand secours en cette occasion.

    Un autre groupe serait parti avec dame Blanche ? Empoignant un baquet, Ballin le remplit d'eau et en usa pour sortir les bandits de leur torpeur.


    "Où sont les autres ? leur demanda t'il en brandissant son épée de manière menaçante.
    - Quels autres ? Répondirent-ils d'une voix embrouillée par l’hébétement.
    - Ont ils emmené dame Blanche avec eux ? Fit Ballin ignorant la question.
    - Qui ? Répondit le plus grand de la bande de coquins.
    - Il recommence avec cette histoire, lui répondit celui que Ballin avait déjà interrogé. Puis s'adressant à ce dernier : Messire, je vous ai dit que le paysan n'avait que cette chèvre avec lui lorsque nous lui sommes tombé dessus !"

    Dame Blanche avait elle réussi à s'enfuir lorsque les brigands ont attaqué ? Pas d'autres solution en tout cas que celle de ramener la chèvre à son propriétaire pour l'instant. Peut être s'était elle manifestée entre temps ...

    En fouillant le campement il fit main basse sur le larcin des bandits ainsi que sur un coffret contenant des cartes anciennes, datant visiblement des débuts de la colonisation des Terres d'Ambre. Un emprunt fait à un riche marchand ou un érudit en voyage probablement. Retournant vers son cheval resté à l'orée du bois, il chargea les fontes de sa selle avec et le tenant par la bride revint chercher la chèvre. Puis il remonta en selle tout en avertissant les bandits toujours attachés que le guet passerait s'occuper d'eux. Il attacha la corde passée au cou de la chèvre au pommeau de sa selle et parti au petit trot.

    Il arriva rapidement à l'endroit où le paysan se tenait toujours assit. Celui ci le voyant arriver bondit sur ses pieds et s'élança à sa rencontre, sautillant presque tant sa joie ne pouvait se contenir.


    "Vous voici revenu messire ! Cria joyeusement le paysan.
    - Ne vous réjouissez pas trop vite ! Le tempéra Ballin.
    - Qu'est ce à dire ? Dit le paysan dans un froncement de sourcils. Allez vous me demander une rançon ?
    - Loin de moi de telles idées ! Je venais au contraire vous redonner votre bourse qui doit être dans le butin que j'ai confisqué à ces vils gredins.
    - En ce cas messire, que vouliez vous signifier ainsi ?
    - Eh bien, je n'ai pas trouvé trace de dame Blanche ..."

    Le brave homme sembla un instant perdu et Ballin compris qu'il devait encaisser le choc de cette nouvelle. Elle n'était donc pas revenue. Un sentiment d'échec l'envahit soudain en songeant qu'il n'avait pas réussi la part la plus importante de sa promesse envers le paysan. Il prit en cet instant la décision de retourner la Terre toutes affaires cessantes, de fouiller sous chaque pierre, d'interroger chaque habitant, animal, plante de la contrée, de défaire ...

    "Mais messire n'est ce point elle qui se tient à vos cotés ?"

    La réflexion du paysan l'arracha à ses idées de croisade et de sauvetage de la pauvre dame Blanche qui devait être quelque part, se désespérant, entourée de sombres individus qui devaient profiter de sa fragilité pour lui faire subir ce que je ne vous narrerai pas car même Ballin ne peut imaginer plus loin tant sa pudeur est grande. Et aussi puisque, comme je vous le disais plus haut, la réflexion du paysan l'a interrompu.

    "Vous disiez ?
    - N'est ce pas dame Blanche qui se tient à vos cotés messire ? Ou bien est ce ma vision brouillée de larmes qui me la fait voir en toute chèvre ?"

    Un instant, le monde cessa de tourner. Et Ballin connu ce qu'on peut appeler un grand moment de solitude, un de ces instants où le monde s'effondre sans un bruit mais dans un nuage de poussière qui le laisse perdu, ne voyant plus ses propres mains. Comme l'homme qui voulant enfoncer une porte la confond avec le mur qui l'encadre, il est stoppé net dans son élan de chevalier. Je profite par ailleurs, de l'occasion que m'offre ce moment de répit dans l'action pour adresser des louanges aux générations qui ont précédées la venu de Ballin d'avoir songé à inventer les étriers car, sans cela, il eut été certain que notre héros soit tombé de sa selle.

    "Non c'est bien elle ! Dit le paysan qui avait rejoint son précieux animal. Elle me reconnait voyez ! Elle descend de la célèbre Remalthée*, la mère des troupeaux, première chèvre amenée par les colons ! Je vends ces petits à prix d'or à la foire aux bêtes de la Bourguette. Oui, ma belle ! On va rentrer chez nous et tu vas prendre un bon bain ! Ces gredins ont sali ton beau pelage ..."

    Il ne voyait déjà plus Ballin et ce dernier détacha mécaniquement la corde qui retenait ... dame Blanche à sa selle. Puis il s'éloigna sans que le brave n'eut remarqué son départ tant il était absorbé par le dépoussiérage rapide du pelage de son caprin.

    Tournant la tête rapidement vers son cavalier, le destrier de notre ami vit le regard vide et le visage inexpressif qui allait de pair dont celui ci était affublé. Songeant que sa ration d'avoine serait plus que bienvenue après tout ce temps, il prit seul la décision de partir au galop en direction du château, emmenant un Ballin perdu dans le néant dont son esprit ne pouvait se départir.


    * N.D.A. : Je prie par avance le lecteur ayant compris ce jeu de mots déplorable, de bien vouloir me pardonner dans sa grande mansuétude ...
    Puis il s'en fut, magnifique, sur son cheval caparaçonné dont les reflets de l'armure semblaient nacrés dans la douce lumière de cette fin d’après midi. Éperonnant sa monture, le voilà galopant dans le grondement des sabots sur la route de terre battue et le claquement sonore de sa cape au vent de sa course.
    *Tiens ! Je m’arrêterai bien boire un coup moi*
    Et là, l'image superbe du héros tout en panache se brisa, avec la subtilité du cristal sous le pas d'une trentaine de pachydermes

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