Une clairière cachée au centre d'une forêt de sapins... Au centre, un foyer crépite. Tout autour, des blocs de granit sur lequel un petit sac de farine trône. Le Troubadour est là, qui accorde son luth, qui scrute encore un peu l'assistance, attendant cette minute de silence qui donne le départ d'un moment de partage... Puis, bercé par la mélodie des arbres, il entame son premier moment, sa première Ode...



Trouvée à même le sol, sur un chemin de terre,
Mise à l’abri des autres, au fond de ma besace,
Recouverte d’une étoffe de mousseline,
Protégée comme jamais,
Une plume d’aigle.

Rémige sans doute, dans la couleur soyeuse
D’un vol de majesté, brun ocre rouge.
Blanche par sa pointe et perdue en chasse
Bergers et fusils dans le souvenir,
Ocre rouge ou sang séché…

Une autre manière, d’offrir sa matière,
Une plume pour la plume, ancrée d’hier.
Depuis sa nouvelle Aire, belle tanière,
A trôner de fierté, la pointe dans le bleu
D’un peu d’encre fluide, pour un mot.

Je griffonne ou rature, brouillonne l’écriture,
Je suis la plume, abandonnée et fidèle
Qui va tracer le fil qui veut nous dire, le doigt baissé
Un peu du rêve qui les habite.

Je détiens les secrets, les louanges,
Les scandales qui se vengent
Les romances eau de prose
L’écriture en balance, comme la justice à son feu,
De gauche à droite et de droite à gauche,
Dans l’aller le retour, de ces mots pour toujours.

Je suis la plume de cet aigle majesté
Qui termine son histoire pour commencer la mienne.



Je suis la plume d’aigle