Un puissant grondement, un choc violent et le calme revient presque aussitôt. Repliée sur moi-même, mes bras entourant mes genoux, je reste quelques instants immobile au milieu du chaos qui vient d’être créé. Ce n’est que lorsque l’univers me semble parfaitement stable autour de moi que je déroule lentement ma colonne vertébrale et déplie mes genoux pour finalement m’assoir en tailleur au milieu du cratère fumant dont le sol noirci vient contraster avec l’herbe grasse des collines environnantes.
Je promène tranquillement mon regard autour de moi pour prendre connaissance de l’endroit où je me trouve lorsqu’une odeur de cochon grillé attire mon attention. Je ne mets pas longtemps à en identifier la source et c’est en louchant légèrement que je soulève d’un souffle rageur la frange blonde qui me retombe sur les yeux pour en éteindre les mèches qui se consumaient à mon insu.
Une rapide inspection me donne alors un aperçu de ma situation qui déclenche un nouveau soupir. Au moins la chaleur n’a pas fait fondre mon poignard qui repose toujours dans son fourreau contre ma hanche. C’est étonnant de constater que la fine ceinture de cuir le retenant est restée parfaitement intacte quand le reste de mes effets est de toute évidence parti en fumée. Je hausse les épaules pour moi-même. J’aurai tout le temps de m’interroger sur ce mystère plus tard. Pour l’heure, je ne peux pas rester assise au milieu de nulle part avec pour seul vêtement un poignard dans son fourreau.
D’un mouvement souple et gracieux, je me redresse donc sur mes jambes, bien décidée à aller explorer ce monde dans lequel j’ai atterri. Ce qui l’est beaucoup moins, gracieux je veux dire, c’est la grimace que je fais lorsque ma cheville droite émet ce qui ressemble à une vive protestation contre mes projets immédiats. Il semblerait que la chute ait été plus rude que prévu…