Chère Amie,

Profitant d’un break pendant ma journée de labeur je me permets de narrer mon histoire… En effet, je me souviens que tu es en attente du prince charmant – inconsciemment bien sur, pour utilisation nocturne ou diurne - , et dois je te l’avouer , ce détail me titille le bulbe !
Ben oui , la condition de prince charmant étant en voie de disparition de nos jours ( au fait est-ce une espèce protégé ?? j’irai vérifier sur WWF ) , je me permets simplement de te conseiller non seulement de ne pas l’attendre mais plutôt de le chercher activement !!
Certes, c’est probablement une des raisons pour laquelle tu as mis une annonce, mais diantre, les princes charmant ne sont pas sur le net – encore moins en promo chez Carrefour – ça se saurait !!
Le prince charmant fréquente assidûment les bals mondain proposé par ce qui reste de tête couronnée dans la vieille Europe et ont les y reconnaît aisément, car en général il s’y ennui à mourir ( oui, le VRAI prince charmant doit aussi être en quête de la princesse de ses rêves, quête évidement impossible donc son cœur est brisé – un romantisme fou quoi ?! ) .
La quête de la femme parfaite est aussi le St Graal des hommes – pauvre mortel ! – et selon la Légende , seul les cœurs pures ( et néanmoins puceau ) de Galaad et Perceval ont seulement pu l’entre-apercevoir … autant dire que ce n’est pas gagné quoi ?!?
Je connaît bien le sujet , je ne suis plus Prince charmant, j’ai quitté ce statut il y a longtemps ; c’était par une belle matinée de printemps qui sentait bon … ( non, après tous on s’en fout et ce n’est pas le sujet !!) Bref disais Pépin, une princesse me trouva moi, pauvre crapaud, me prélassant dans ma mare nauséabonde préférée des environs de Chauny – t’ai je déjà dis que j’étais Picard ? par ma mère , Ricard du coté de mon père ! – à la recherche de mon déjeuner de batracien a me mettre sur ma langue gluante … ( com d’hab, une sorcière m’avait jeté ce sort a la suite d’une erreur de jeunesse que je te raconterais si tu le veut … ) j’ était finalement tout de même satisfait car libéré des multiples vicissitudes de notre monde de fou .Ce que venait faire la gourdasse en ces lieux , je ne le su jamais, cependant la jeune écervelée m’ayant aperçu, m’attrapa pour me baiser !! Embrasser un crapaud comme ça, le matin, sans dentifrice … beurrrrk !! Oui elle était idiote, un peu petasse et de surcroît d’une lignée douteuse pour moi fils de roi .Je me transformait soudain en beau prince, et alors que je tentais de m’extirper de la boue, vase et nénuphars la bougresse me mit le grappin dessus – en plus d être idiote elle était devait être mal voyante ! – a son regard de génisse moult fois trépanée, je compris vite ce qu ‘elle venait chercher … même l’abruti du village voisin avait du repousser ses avances !!Embourbé derechef par le poids de la gueuse, je me débattais lorsqu’elle m’interpella enfin ;
Je ne résiste pas ici a te faire la description de la drôlesse , elle supplantait dans la laideur et la disgrâce les culs de cynocéphales les plus tourmentés, elle était intensément moche de visage et de corps, et le plus naturellement du monde, c’est à dire sans que jamais le moindre camion ne l’eut emboutie, ni qu’un seul virus à séquelles déformantes n’y creusât quelques ravages inaltérables. Jaillissant de sa tête en poire, cloutée de deux globules aux paupières à peine ouvrables, elle imposait un pif patatoïde qu’un duvet noir séparait d’une fente imprécise qui pouvait faire illusion et passer pour une bouche. Le corps était court trapu, sottement cylindrique, sans hanches, ni taille, ni seins, ni fesses. Une histoire ratée, sans aucun rebondissement, les membres inférieurs, plus particulièrement , insultait le regard, rien ne permettait de discerner la jambe de la cuisse, l’une et l’autre affûtées dans le même moule à gourdin …Elle était niaisement affublée d’une robe , certainement dessiné par Stark, qui devait servir d’accoutrement pour aller nourrir les gorets de la fratrie, que l’on qualifierait chez nous d’Handybag …Un court instant, je plaignit de tout mon être le crapaud que j’était qui subit néanmoins l’outrage de ce sac à bouse !
« Oh mon Prince, me dit elle d’une rugueuse voix de crécelle édentée, ne souffrez-vous pas que l’on vous donne pour épouse si pauvrette damoiselle comme moi ? Car point jolie ne suis, et point non plus brille par l’esprit ! «
Décontenancé par l’évidence du propos, je me remémorais le mot admirable de Louis XIV, à la veille de son mariage avec l’infante d’Espagne ; je rétorquais donc au bourrin ;
« Madame, c’est très bien ainsi ! Car s’il y a un truc qui s’accommode mal avec le boudin, c’est bien la cervelle ! «
Ayant par la même, écrit une des plus belles page de l’énorme « manuel de la lâcheté et goujaterie masculine « , j’envoyait planer, d’un ultime effort , le laideron en pleine mare afin de la planter sur l’instant sans autre forme de procès .Et je partis , dégoulinant de merde mais superbement Princier , sans même un regard en arrière pour le mongol pataugeant dans le cloaque qui vociférait déjà quelque noms d’oiseaux à mon égard, rompant à cause de l’insupportable nuisance générée, le délicat écosystème du trou de basse fosse qui avait du lui servir de couffin quelques années auparavant .Moi même, grisé par le récent, mais déjà intense, prélude de mon existence de bipède égocentrique gorgé de vinasse et pousse à la fiente, j’interpellait déjà Dieux de quelque sobriquets bien placé ,réprouvés par la morale de l’ Eglise catholique , de m’avoir imposé des mon premier regard cette vision apocalyptique et traumatisante de l’étendu de sa marge d’erreur lors de la création !!
Dès lors , je n’eu de cesse que de trouver une fée, afin de retrouver ma condition de batracien somme toute bien plus confortable que celle d’homme en ce bas monde. Je ne l’ai jamais trouvée et compris rapidement que le fait de n’avoir pas épousé l’espèce de vache emmaillotée sus citée, me fit perdre mon statut Princier …
Maintenant je ne suis plus qu’un homme avec tous les défauts connexes, et si je t’ai raconté mon propre conte de fée finement nimbé de tendresse bucolique, c’est pour que tu sache lire l’âme de ton serviteur …
Pantagruel